Marc-Louis-couv-1- » C’est un soir de pleine lune, au détour du chemin. Les manoirs sont baignés par la brume argentée. Les loups-garous sont immobiles sous un ciel noir et métallique. Ils attendent le retour des orages magnétiques, le chant funèbre des Walkyries et la soudaine Apocalypse. Les oracles rejouent le théâtre du sang, le jeu des runes et du sommeil entre les dents du loup-garou ».

Cette clausule de la nouvelle de Marc-Louis Questin, « La Mutation du loup-garou », tirée de son dernier recueil LA CITADELLE DES VIERGES NOIRES, aux éditions Unicité, est emblématique de l’auteur et de son style « frénétique ». En effet auteur inclassable, poète, rédacteur en chef de la revue La Salamandre, évoque la figure de Pétrus borel alias Joseph Pierre Borel d’Hauterive (1809-1859), grand ami de Théophile Gautier qui admirait sa prose bouillonnante d’images.

À l’instar de Borel, le « lycanthropique » auteur de « contes immoraux », CHAMPAVERT , en 1833, Questin explore « les jardins du sentiment » dans ses propres contes ciselés comme des poèmes en prose dédiés à de nombreux peintres ou artistes contemporains, dans la mouvance surréaliste, tels Tanguy ou plus scandaleux, Clovis Trouille ou Pierre Molinier.

De même, on retrouve chez Marc-Louis Questin, la même singularité stylistique que chez Pétrus Borel: une inspiration lyrique, ésotérique. Mais aussi une véritable réflexion sur le Verbe et le mythe fondateur d’une Parole perdue qu’il s’agit de retranscrire, même par fragments voire par bribes:

« Plusieurs niveaux se désintègrent à la vitesse d’un éclair blanc. Bien que les mots façonnent le corps à la lumière d’une histoire vraie, repensée par les ombres… »

À quelques siècles de distance, Questin met en scène via une collation de visions, le conflit entre le désir d’exprimer la complexité de la réalité et les failles d’un langage toujours en-deçà du « Libre Esprit ». La métaphore obsédante  des rapports conflictuels entre Verbe et expressivité: le véritable enjeu du romantisme noir.