cc_vignetteCROP CIRCLES de Jonas Lenn, éditions La Clef d’Argent, collection Kholekth,mai 2013, 9E.

(Préface de J. P. Andrevon)

 

Faisant partie de la génération post-soixante-huitarde, Jonas Lenn, né en 1967, a connu les « vrais »livres, les objets, les CD, tout en s’intéressant à la Révolution numérique. Ce quadragénaire nous livre six textes où le fantastatique montre l’évolution de la société. Une société de plus en plus jeuniste. Témoin la première nouvelle « Une porte sur l’hiver » où un vieillard est confronté à son double, jeune homme. Ou la troisième, intitulée « Au jardin  de mon père » où un père agonisant ne peut plus « recycler ses archives numériques » pour cacher son état à son fils.

Une société sophistiquée qui utilise des « hypnotests » pour contrôler l’identité de ses membres, dans »D’une vie l’autre ». Comme dans les récits traditionnels de science-fiction et de fantastique, l’imaginaire sert à exprimer les angoisses d’un être humain dans un univers où la mécanique céleste s’est déréglée. Où un chat peut être un extraterrestre, comme dans la nouvelle éponyme. Où le concept de réincarnation est utilisé à des fins policières.

« Crop circles », les cercles de culture, traduction littérale d’une expression d’un ingénieur anglais, pourrait désigner ici, ou plutôt dessiner pour le lecteur qui lirait en altitude, toutes les strates d’un système socio-culturel où les individus se sont enfermés. Une application fantastique des thèses d’Henri Laborit, filmées par Alain Resnais dans Mon oncle d’Amérique.

En somme, ces six textes peuvent être appréhendés comme des paraboles d’un futur possible, car le registre fantastique est contestaire: il nous invite à adopter une posture sceptique sur ce que nous voyons.