1945 Déjà le titre « Mécanhumanimal » sonne mal.  Cette exposition censée dialoguer avec l’univers graphique et multimedia d’Enki Bilal avec le Musée des arts et métiers ressemble davantage à une rétrospective. Oui, ce créateur d’images, a été un pionnier avec ses albums de bande dessinée à la fin des années 80. On songe au somptueux La Femme piège. Héros de l’Est, sur fond de guerre froide, errant dans les décombres de villes tentaculaires.

En 2013, on retrouve des planches de ses albums, des extraits de son film « Bunker palace hotel », au milieu des machines du Musée des arts et métiers. L’artiste a prêté une tête de zèbre et beaucoup de dessins où des êtres humains ont subi des greffes animales.Faut-il rappeler dans ce lieu scientifique que les « xénogreffes » (les greffes de tissus vascularisés entre deux espèces différentes) ne peuvent pas prendre? Que l’incompatibilité des groupes sanguins l’interdit?

À moins d’utiliser des animaux transgéniques…

On se demande si Bilal ne donne pas là sa version très pittoresque du mythe de l’éternelle jeunesse, d’un élixir préparé à l’aide d’ordinateurs et de testicules d’animaux. Allusion au savant fou, le médecin Serge Voronoff, chirurgien en chef de l’Hôpital russe en France pendant la première Guerre mondiale. En 1920, Voronoff greffa des testicules de singe sur un homme…

De facto, dans ce lieu historique, le visiteur n’apprend rien. C’est du déjà vu…

Et donc d’un ennui fétide.