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La Femme du Futur, François Coupry, éditions Pascal Galodé, collection  » Le K », 2012, 404 pages,24,90 E.

 

Membre de la Nouvelle Fiction, née en 1992, (avec Marc Petit, Hubert Haddad, Jean Lévi, Frédérick Tristan, Patrick Carré) François Coupry a perpétué l’esprit de cette avant-garde littéraire de la fin du XXème siècle. Rappelons que les auteurs de la Nouvelle Fiction proposaient des romans où l’imaginaire était mis à l’honneur, souvent avec humour, de manière à libérer le lecteur des diktats de la pensée rationaliste.

Dans cette somme apologétique, François Coupry commence par un dialogue entre Dr Jekyll et Mr Hyde qui a valeur programmative: les quatre « contes » qui vont suivre n’enfermeront pas le lecteur dans une illusion référentielle. Bien au contraire! Ils l’arracheront à l’illusion de la télé-réalité, de la fiction-évasion, du feuilletonesque… Ce sont des récits à plusieurs niveaux d’interprétation, écrits avec un humour décalé et un style classique, concis, parfois poétique. On songe à Jacques Sternberg, Marcel Béalu… Des inclassables comme François Coupry.

Au sens littéral, ce sont des récits mais qui sortent de la linéarité, pour aborder au sens symbolique, voire anagogique, le sens de l’existence. Telle Anna Wooh, l’héroîne éponyme de « La Femme du futur » qui rejette sa vie aseptisée où la perfection devient une malédiction. Dans l’univers de ce dernier récit, « l’humanité est inculte ». Seule Anna s’intéresse à un passé révolu. Ses contemporains vivent dans un présent végétatif. Une critique à peine voilée de notre société qui s’intéresse à notre patrimoine, au moment même où il est menacé. Comme lui fait remarquer un personnage: « Nous ne possédons que quelques vagues lieux communs des époques d’autrefois ou de nos vies antérieures… Nos ordinateurs n’ont conservé qu’une part minuscule des savoirs ancestraux… »

L’effacement des souvenirs ou de soi; l’oubli sont des leitmotive dans cette somme narrative qui brouille les filtres culturels pour nous distiller son ironie. Goutte à goutte d’encre dans nos veines. À doses homéopathiques. Contrepoison à l’angoisse de ne plus se sentir exister dans un monde opaque.