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TRUE CRIME DETECTIVE MAGAZINES, par Eric Godland, Dian Hanson, 336 pages, éditions Taschen, 29,99 E.

 

Est-ce que le XXème siècle était plus violent qu’aujourd’hui et moins permissif? Sous la direction de Dian Hanson, éditrice de magazines érotiques américains, Eric Godtland, Georges Hagenaur et Marc Gerald nous éclairent sur ces questions. Certes, dès 1924, quand la Prohibition faisait rage, les criminels volaient la vedette aux stars. Mais ces figures pittoresques faisaient vendre. Tout autant que les filles sexy en couverture, montrant leurs porte-jarretelles et leurs dessous affriolants.

Les journalistes de cette époque n’avaient pas attendu les théories de Mac Luhan ou celles de nos directeurs commerciaux actuels pour comprendre que l’impact de l’image est supérieur à n’importe quel écrit, fût-il subversif.

Comme nous l’explique Dian Hanson, le genre populaire des « Detective magazines » permettait une certaine liberté d’expression, du fait de sa marginalité. Ainsi ces revues « satisfaisaient toute une série de pulsions érotiques, dont l’une des plus communes, la plus excitante et peut-être la plus satisfaisante était celle du bondage ».

Aujourd’hui, on ne mettrait plus de pin-up ou de voyou sur la première de couverture, une cigarette ou un cigare à la bouche. Une autre prohibition est passée par là: la lutte anti-tabac. De même, on éviterait toute scène dans un cimetière et toute image évoquant notre suprême vice: la mortalité.Au XIXème siècle, en France, on collectionnait les masques mortuaires. Aujourd’hui, on évite la confrontation avec un cadavre. Les vieillards meurent à l’hôpital ou dans leur maison de retraite. Les vieux ne sont pas « glamour ».

Qu’est-ce à dire, sinon qu’à chaque époque, ses tabous? Marc Gerald, le rédacteur en chef de True Detective dévoile la formule: »Mélange de réalisme et de brutalité… le magazine visait des lecteurs accrosaux flics héroïques et aux tueurs impitoyables… » À partir de 1928, le magazine se spécialise dans « la violence psychosexuelle ». Sublimation de nos mauvais penchants? La revue avait un effet cathartique sur les lecteurs américains, imprégnés de puritanisme.

Rappelons que la censure aux USA ou en France n’est pas égale selon que vous êtes puissant ou misérable, que vous appartenez à l’élite ou à la masse. Donc acheter des « crime stories » dédouanait les lecteurs qui ne se sentaient pas plus coupables de parcourir ces albums illustrés que d’aller boire une bière… Un défouloir sans connotation morale. Un gadget pour adultes. Entre le flou et le net, chaque société pose son marqueur. Demeure un invariant: la censure de la pédophilie.

 

 

 

 

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