imagesGonzague Saint Bris, Sade, L’Ange de l’Ombre, Paris, éditions Télémaque, 263 p., 22 E.

 

En reprenant les codes spatiotemporels de la biographie, Gonzague Saint Bris nous décrit l’itinéraire d’un « grand seigneur méchant homme ». Peut-être d’ailleurs pas toujours si « méchant ». Elevé par deux hommes libertins: son père et son oncle. Sans limites. Imbu de son rang et de sa personne. Incarnation du péché d’orgueil. Et victime du péché de la gourmandise. (Il sera atteint d’obésité à la fin de sa vie).

Donatien Alphonse François de Sade apparaît surtout en grand seigneur qui refuse les règles de la société de l’Ancien Régime. En forcené de la plume, substitut du phallus. A la différence de ses contemporains, d’écrivains licencieux comme Mirabeau, il se définit lui-même comme un philosophe du Mal qui prend à parti Dieu dans ses joutes érotiques…Et s’interroge sur l’âme humaine. Littéralement  Sade sonde les cœurs et les reins.

Pour écrire ce portrait, Gonzague a eu accès aux archives de la famille de Sade. Il est en effet un ami intime d’ Hugues de Sade qui lui a demandé d’apporter son éclairage sur ce personnage complexe, passionné, vif, sensuel et athée. Un parcours raisonné, facile à lire, impartial.

On regrette qu’il n’y ait pas vraiment d’exploitation des archives. Juste des allusions ou des brefs extraits de lettres par exemple à l’épouse du Marquis. Le sulfureux Donatien reste donc encore dans l’ombre. Dans l’enfer d’une bibliothèque. Comme si ses écrits pouvaient encore brûler les yeux et les doigts des lecteurs.