DICTIONNAIRE de la méchanceté, collectif dirigé par Lucien Faggion et Christophe Regina, Paris, éditions Max Milo, 381 p., 49,80 E.

 

« Celui qui veut en tout et partout se montrer homme de bien ne peut manquer de périr au milieu de tant de méchants. Il faut donc qu’un prince qui veut se maintenir apprenne à ne pas toujours être bon, et à en user bien ou mal selon la nécessité ».(Machiavel, Le Prince)

 

 

La sensation d’être dépassé par les événements ou de n’avoir aucune prise sur son entourage est souvent intolérable. Le commun des mortels n’ose pas dire « non ». Beaucoup fuient les difficultés. Nombreux sont ceux qui voudraient avoir plus de pouvoir, rêvant de libérer le « côté obscur de la force » et de jouer les Dark Vador.

Que ce soit au cinéma, à la télévision, sur l’écran de nos tablettes ou la voilure de nos livres, les effigies de la cruauté marquent nos cerveaux avec leur vestiaire particulier: le masque de Dark Vador, le manteau de fourrure de Cruella dans Les 101 dalmatiens de Walt Disney, les parures luxurieuses des Borgia…

Un vestiaire qui rehausse d’ailleurs la beauté de ces héros ou héroïnes du mal, car à l’exception de Tatie Danielle, les créatures maléfiques affichent leur sex-appeal sans vergogne. Pied de nez aux gentils coincés et aux  malheureux frileux. Une duplicité qui nous renvoie à l’Histoire du pouvoir, toutes civilisations confondues: le ou la vrai(e) méchant(e) sait cacher son jeu et s’affirme comme parangon de l’élégance.Et surtout, le vrai méchant n’a pas d’états d’âme, ce qui nous fascine, nous pauvres gens ordinaires. Et pourtant, dans la jungle urbaine, même si le jeu a changé – il n’y a plus de Cour, chacun sait qu’il est inutile de se plaindre ou de culpabiliser. Alors comment devenir méchamment bien en suivant la voie de tous ces méchamment beaux recensés dans ce livre?

Un jeu métaphysique où l’on rit de certaines caricatures et d’où l’on sort grandi.

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