THOMAS ABERCORN, LA PISTE du KOOKABURRA, Paris, éditions Michel de Maule, mai 2015, 301p., 22E.

 

Dans la lignée des grands auteurs de la science-fiction, tels Robert Sheckley (Le temps meurtrier), Robert Silverberg (Résurrections) ou plus proches de nous, dans le temps, K.W. Jeter (DR. Adder), l’écrivain Thomas Abercorn nous plonge dans une aventure inspirée de l’actualité scientifique : la greffe d’une tête humaine sur un nouveau corps… Une actualité qu’il suit régulièrement et qui a nourri deux autres romans: La Protéine du diable, Paris, Lattès, 2001 et Macaques Attack, Paris, L’Archipel, 2003)

Les lecteurs de Paris Match se souviendront du témoignage d’un chirurgien italien sur les progrès de la science en ce domaine, et de la photographie « choc » de leur communication.

Dans une atmosphère de roman à suspens, Thomas Abercorn nous raconte un fait divers qui va vite dégénérer en cauchemar: la police du New Jersey découvre un cadavre hors norme: une tête de femme greffée sur un corps d’homme.  Premier indice: l’enregistrement d’un cri d’oiseau inséré dans la tête du cadavre. Un oiseau australien: le kookaburra.

C’est le début d’une enquête, riche en rebondissements, menée par le FBI qui va obliger son directeur, « Super Flic » à consulter un expert de la neuro-chirurgie, le professeur Hendricks:

« Tout est dans le délai. je vous ai dit qu’un cerveau ne peut pas survivre plus de dix minutes sans apport d’oxygène. il faut donc qu’en dix minutes, la tête à greffer ait été détachée et raccordée au corps. Cela signifie qu’il faut qu’en dix minutes deux personnes vivantes aient été décapitées! »

 

Le FBI désigne des agents qui vont trouver des preuves dans les catacombes d’un monastère de Kiev. La loi de l’offre et la demande s’applique dans tous les domaines, sans éthique. Hommes et femmes de pouvoir vieillissent, et cherchent donc un nouvel élixir de jouvence. Rien de mieux que de s’offrir un corps de mannequin, puisqu’en prime, il permettra, par la loi des vases communicants d’effacer les rides du visage. Alors pourquoi s’en priver?

Comme l’explique une « greffée » à la télévision américaine, une ancienne actrice, Heidi Ekstrom: « À partir d’un certain âge dans ce monde, quarante ou cinquante ans, on ne vit plus, on est en sursis« .

 

Avec beaucoup d’humour noir, un certain goût du sarcasme,un sens de l’intrigue, et une culture scientifique, l’auteur compose un climat personnel d’horreur.

Critique de la marchandisation des corps, du jeunisme, de la « société du spectacle », ce roman nous (dé)montre que des neurochirurgiens, sans scrupules, pourraient littéralement changer la face du monde.

 

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