Philippe Gindre vient d’éditer un nouveau roman aux éditions La clef d’Argent: Les Corps glorieux  de Céline Maltère, un autre talent de la littérature de l’imaginaire. Nourris par l’intertextualité ( le mythe des Amazones; l’Énéide ; la Dame sans merci ; le cycle du Graal; le lai de Lanval ; la somme romanesque de Tolkien…), Les Corps glorieux  rendent  hommage à la littérature, au pouvoir des mots, matérialisé par le « grimoire de Goth » où l’héroïne, la reine Kationa puise une partie de son aura.

Mais ce roman richement connoté culturellement est une splendide variation sur le thème du monde à l’envers: l’épopée se lit au féminin, mêlant épisodes narratifs et motifs descriptifs avec brio. Inversant les codes de la chevalerie, Kationa et ses sœurs règnent sans partage sur leurs terres léguées par leur père, et n’ont pas besoin des hommes pour se défendre. Céline Maltère a sûrement puisé dans l’Histoire pour composer ce personnage de Kationa, reine implacable -sauf lorsqu’il s’agit de son Désir.

Bien au-delà de la transposition des codes du genre épique, ce récit appelle une lecture psychanalytique sur le Désir, ses conséquences, le manque, car Kationa aime les femmes, ces « corps glorieux » de beauté pour elle, au point d’avoir constitué son propre harem, et a aimé passionnément une Dame, prénommée Balzane, morte prématurément:  » Je ne me résolvais pas à devenir spectatrice de cette décadence ».

L’impossibilité de faire le deuil de Balzane l’entraîne dans des aventures multiples, « avatars du désir » qui ne la laisseront pas indemne, ni elle, ni son royaume.

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