Dans l’excellente collection LOKHALE, éditée par Phillippe Gindre, retenons LE CABINET DU DIABLE par Céline Maltère.
Les littéraires amoureux du XIXème sièclle se souviendront
  

Source: Flickrde la nouvelle, « la cafetière » de Théophile Gautier, écrite en 1831.

Cette nouvelle se déroule en Normandie alors que le court roman de Céline Maltère se déroule à Moulins, dans l’Allier. Dans les deux textes, il est question d’une vieille demeure avec un décor chargé d’objets et d’une femme mystérieuse: Angela chez Gautier, Louise chez Maltère.

Théophile Gautier observe  la maison, la comparant à un lieu du « temps de la Régence ».  Il s’y met en scène en narrateur intradiégétique, décrivant les éléments du décor dans lequel il va passer la nuit. Après la découverte de cet espace , le narrateur va vivre alors un moment perturbant. Témoin d’une scène très vivante, où les personnages sortent des murs et des cadres se mettent à bouger, parler et danser autour de lui. La scène est si rapide qu’il est difficile de suivre « toute cette cadence ».

Deux siècles après,Céline Maltère choisit un autre mode de narration, à la troisième personne pour raconter l’histoire d’une fascination pour une villa et ses vestiges. Avec distance et poésie, l’écrivain nous narre une effraction de personnages improbables sortis d’un film de Tim Burton (une Carmélite à la main en bois, un Japonais aux membres de fer, un bibliophile « à la cape verte », sorte de Capitaine Fracasse et un poète extralucide, dit Suarès.) dans une villa repliée sur ses splendeurs.

 » Objets, avez-vous une âme ? »
Les deux auteurs répondent par l’affirmative à cette question.
Céline Maltère met une fantasmagorie en images avec un talent de metteur en scène et un humour décalé post- dadaïste. Si les objets envahissent la maison, n’est-ce pas aussi un message subliminal ? Ne doit-on pas se défier de la puissance de certains objets qui nous « doublent »?
Sommes-nous des vivants ou des doublures de vivants ?
Le questionnement philosophique de Céline Maltère nous entraîne plus loin sur ce rapport au réel. Il me rappelle le titre d’un essai de Clément Rosset: Le Réel et son Double.