COLLOQUE INTERNATIONAL CERLI 2017

En partenariat avec CLARE/TELEM

Université Bordeaux  Montaigne

                               

 

http://clare.u-bordeaux3.fr/

http://telem.u-bordeaux-montaigne.fr/

http://www.cerli.org 

http://www.univ-lorraine.fr/lis 

 

 

« Voyages intérieurs et espaces clos

 dans les domaines de l’imaginaire (littérature, cinéma, transmédias), 

XIX-XXIème siècle »

 

Appel à communications

 

 

4-5-6 octobre 2017

Salle Ausone, Librairie Mollat, Bordeaux

Salle Jean Bordes, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine (Pessac)

Maison de la Recherche, Université Bordeaux-Montaigne (Pessac)

 

 

Tantôt morphique, tantôt métaphorique, le recours à la notion d’espace en littérature est pratique courante. Ce fait s’explique, entre autres, par la prédisposition du langage spatial à pouvoir s’ériger en un métalangage capable de parler de toute autre chose que de l’espace. Si la théorie littéraire a été longtemps dévouée à la dimension temporelle du récit, Mikhaïl Bakhtine et Youri Lotman ont démontré que les structures spatiales du monde fictionnel sont fondamentales à la production du sens. Ce colloque s’intéresse aux différentes dimensions des univers clos, des espaces fermés dans les productions artistiques de l’imaginaire, tant dans les œuvres littéraires que cinématographiques ou transmédiatiques (séries, jeux vidéo, jeux de rôles, bande dessinée). Une des spécificités de la science-fiction – dont les caractéristiques principales sont l’ouverture sur l’espace et l’infini du temps – est paradoxalement l’exploration des univers clos sous toutes leurs formes (terres/ planètes creuses, voyages sans fin dans l’espace ou le temps, enfermement dans des structures inconnues extraterrestres, submersion totale dans un lieu…) La littérature et le cinéma de science-fiction exploitent tous les espaces fermés tels le vaisseau ou la station spatiale comme dans 2001, odyssée de l’espace, Solaris, le cycle des Alien mais aussi des sous-sols dystopiques ou horrifiques (THX 1138, Outland, Total Recall…). La science-fiction investit l’espace clos qui devient le lieu de tous les mondes intérieurs possibles, se projetant au-delà du perceptible sans quitter le concevable. 

Les univers refermés sur eux-mêmes semblent récurrents dans le roman gothique (précurseur du fantastique, de la fantasy, du médiévalisme contemporain) qui se constitue d’abord autour d’un lieu clos : le château. Le château d’Otrante est cette figure emblématique d’une bâtisse dont les murs s’avèrent être les frontières d’un espace qui peu à peu devient autre, à l’intérieur duquel des phénomènes inexplicables, bannis du monde extérieur, peuvent avoir lieu. Dans la lignée du château gothique, les demeures fantastiques sont aussi porteuses de tout un imaginaire : elles ne sont plus un simple décor où advient l’impossible mais deviennent elle-même des entités fantastiques. Sans être inhérent au genre, le lieu clos est une donnée récurrente – et peut-être encore trop peu étudiée – dans le fantastique. On pense bien sûr à la fameuse Maison Usher d’Edgar Poe, qui a marqué durablement son époque et la postérité (la Maison occupée de Cortázar ou L’Écroulement de la Baliverna de Buzzati pour ne citer que deux exemples). La maison fantastique n’est plus cet espace familier, ce cocon protecteur que décrit Bachelard, elle se laisse envahir par les présences fantastiques : le narrateur ou les personnages s’en retrouvent prisonniers, condamnés à affronter le surnaturel. C’est également le cas de la plus célèbre des nouvelles de Maupassant, Le Horla, où la maison peut être lue comme un espace réel et, tout à la fois, comme la métaphore de l’intériorité du narrateur, ouvrant la possibilité d’une explication de l’inadmissible par la folie. Car le fantastique aime aussi à arpenter les territoires de l’esprit, à sonder les possibles dérèglements de celui-ci, à explorer les espaces qu’ouvrent le rêve, la rêverie, la folie, le délire, parfois lié aussi à l’action de substances hallucinogènes. 

Si la fantasy peut sembler davantage associée à des espaces naturels ouverts, elle a cependant remis au premier plan un imaginaire de la ville labyrinthique ou encore, et surtout, du combat en lieu clos : il n’est qu’à penser aux nombreuses déclinaisons ludiques du genre, et aux sens du mot « donjon(s) », associé en anglais aux souterrains, mais conservé en français pour ses échos médiévalistes.

 

Ce colloque entend explorer :

– la vision convexe de l’espace, refermé sur lui-même, porteuse de visions métaphoriques au même titre que l’esprit humain, huis-clos perpétuel…

– les différentes formes artistiques développées dans les domaines de l’imaginaire, fantastique, fantasy, science-fiction ou encore horreur contemporaine qui exploitent à l’infini les représentations des espaces clos et des univers intérieurs, par le récit, l’illustration, l’iconographie, l’animation, l’image filmique.

 

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