COUVERTURE ANTHO V

Qu’ont-elles encore à nous dire, ces créatures à capes et à crocs qui hantent nos nuits et notre imaginaire ? Seize auteurs et autrices d’aujourd’hui ont accepté de se poser la question et de tenter d’y répondre, imposant ce faisant à la figure surannée du vampire une cure de jouvence, quitte à le confronter à des problématiques plus urgentes et contemporaines que celles du folklore transylvanien, voire à le bousculer et à lui faire subir les derniers outrages.
« À mesure que le sommaire se dévoilait, précise Yves Letort, la personnalité de chaque intervenant affirmait une volonté de rupture, même si elle apparaissait parfois sous les oripeaux du fantastique victorien ou bien par le jeu de la correspondance, forme d’élection du roman stokerien. Si ce projet ne prend nullement l’allure d’un manifeste, il rend compte de la sensibilité de quelques auteurs contemporains en confrontant leurs propres obsessions à la fable. En définitive, cette anthologie, on l’espère, permettra de prendre le pouls de la créature, qu’aucun paradoxe ne semble épuiser… »

Benjamin Desmares
Florent Liau
Jean-Hugues Oppel
Céline Maltère
Patrick Denieul
Sandrine Scardigli
Didier Pemerle
Tadeusz Hiddinko
Chantal Rabutin
Sylvain-René de la Verdière
Dolmancé
Léo Kennel
Pierre Laurendeau
Nicolas Liau
Fabienne Leloup
Patrick Boman

Rentrée Littéraire : mon coup de cœur

Rentrée Littéraire : mon coup de cœur

La Vengeance des Perroquets de Pia Petersen

Editions Les Arènes, Paris, 272 pages, 25 août 2022.

Éditions Les Arènes

Prophétie, cauchemar ou crise salvatrice ?

Les algorithmes sont-ils en train d’empoisonner l’humanité ? Et si la Silicon Valley ne représentait plus le rêve américain, mais l’antichambre d’une machine policière infernale ?

À Los Angeles, Achille, un professeur d’éthique numérique ne donne plus signe de vie à personne.  (La description du personnage m’a fait penser au philosophe français Olivier Abel, professeur de philosophie et d’éthique à Montpellier, auteur de L’Ethique interrogative : Herméneutique et problématologie de notre condition langagière en 2000.)

L’un et l’autre possèdent un point commun : ils posent trop de questions.

Avec une pointe de mélancolie, Achille se rend compte qu’il a connu un autre temps : « Ce temps où l’on allait se noyer dans une bibliothèque pour affûter ses connaissances afin de déchiffrer les mystères du vivant est loin derrière nous. L’effort intellectuel a été enterré et, avec lui, l’imagination.» (p.85)

Se sentant en danger, il cherche à protéger la jeune femme qui évolue dans la sphère de l’art contemporain. Circulant entre Los Angeles et Paris, celle-ci va se retrouver au cœur du cyclone, celui de la crise sanitaire et d’une situation apocalyptique.

 En acceptant de faire le portrait de Palantir, le magnat du numérique, elle « expérimente la haine » parce qu’elle expérimente en même temps le cynisme de son modèle, emblème du moi-je et du je-fais-ce-que-je-veux. Pour le lecteur, Palantir évoque la folie d’un Big Brother, la démesure d’un hyper riche et le sadisme d’un tueur en série. L’incarnation d’un égocentrisme exacerbé niant l’altérité et les aspirations des autres. Une seule valeur subsiste : l’argent.

Palantir n’arrive pas à museler celle qui cherche à lui dérober ses secrets en fixant ses traits sur une toile. S’ensuit un combat psychique entre deux volontés …

La vitesse narrative et le talent visionnaire de Pia Petersen me font du bien, sans doute parce qu’il ne s’agit pas de la nième prose post- dix-neuvièmiste sur la famille ou la nième marmelade feel-good en tête de gondole, mais d’un roman philosophique. Une série d’interrogations. Cela ne pourrait être qu’une fiction sur la consommation et les boîtes noires ; c’est le miroir de notre époque, la séduction que peut exercer le pouvoir absolu sur les individus, l’amoralité de l’économie, cette science qui nous gouverne tous.

J’aime le style incisif de la romancière, l’humour décalé des titres de chapitres. Ce livre se lit facilement, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il est facile à appréhender.

Grâce à Pia, nous découvrons que l’idée de liberté est la plus dérangeante de toutes, en particulier dans un monde où l’on peut effacer toutes vos données. Heureusement cette littérature redonne du souffle à nos accès au réel et nous encourage à aller de l’avant.

Sans pal, sans tir, avec la salve des mots. La vengeance des perroquets, prodrome d’une nouvelle page de l’Histoire ? D’une nouvelle façon d’aborder le langage ? La question ne tue pas l’acte ; elle l’innerve.

Fabienne Leloup

Quelles questions d’éthique nous posent l’i.A ?

Quelles questions d’éthique nous posent l’i.A ?

Quelles questions d’éthique nous posent l’I. A ?

( In extenso dans Bulletin du SJPP n°73)

www.sjpp.fr

D’emblée, nous constatons que la définition
de l’Intelligence Artificielle est imprécise, variant au gré des avancées
techniques, à chaque année qui passe.
Tentons de cerner cette notion contemporaine,
employée sans distinction fine
par les médias.
A l’origine, une I.A est un algorithme
dont le but est de pouvoir prendre des
décisions relevant d’une certaine forme
de compréhension du monde grâce à un
traitement de données. En pratique, le
terme « intelligence » est impropre car il
s’agit d’un terme générique qui englobe
en réalité deux formes principales d’I.A.
On distingue en effet :
a) l’I.A symbolique : l’algorithme dans
cette version est à base de règles. L’ordinateur
exécute des ordres qu’on lui
donne ;
b) l’I.A connexionniste : dans cette version
plus poussée de machine pensante,
les algorithmes apprennent, à partir
d’exemples, à exécuter des tâches pour
lesquelles ils n’ont pas été spécifiquement
été programmés. Cet apprentissage
virtuel, aux conséquences réelles, a
pris pour modèles les neurones de notre
cerveau d’humain. Les algorithmes
d’apprentissage profond, ou « deep learning
», sont fondés sur des réseaux de
neurones artificiels, par analogie avec
les nôtres.
Le terme d’analogie ne peut qu’éveiller
le doute chez tout être humain rationnel,
chez tout scientifique digne de ce nom.
D’où la question soulevée par l’actualité
et ma réflexion, mon questionnement
personnel : peut-on se fier à
l’I.A connexionniste ? N’est-ce pas jouer
à l’apprenti sorcier que de continuer à la
développer ?
1/ Le chercheur Idrisse Aberkane, expert
en neurosciences notamment, dans son
dernier essai sur l’I.A, Le Triomphe de
votre intelligence – Pourquoi vous ne serez
jamais remplacé par des machines ?,
nous livre un discours optimiste. Pour
lui, l’I.A , c’est un peu comme l’histoire
des métaux. C’est l’homo sapiens qui a
façonné le cuivre, puis est passé à l’âge
du bronze, avant de créer l’acier. Notre
époque, dans la pratique de l’I.A, est
celle de l’âge du cuivre. Celui du bronze,
qui verra poindre l’âge de la conscience,
surviendra quand sera trouvé l’algorithme
de la conscience artificielle.
Pour ce chercheur, l’I.A. est une opportunité
majeure pour se libérer des tâches répétitives et du travail humain
fastidieux.

L’étymologie de travail ne
vient-elle pas de « tripalium », supplice ?
Toutefois il ne cache pas que l’I.A
va s’amplifier crescendo et va nous
contraindre à faire des choix. En ce premier
quart du XXIème siècle, l’humain
et la machine cohabitent de façon relativement
équilibrée, l’homme tolérant
que des ordinateurs hyperpuissants
parviennent à battre les champions du
monde d’échecs. N’est-il pas symbolique
– et lacanien ? – que le premier
échec majeur de l’homme face à la machine
vienne des échecs, roi des jeux et
jeu des rois ?
2/ Or, cette cohabitation pose scientifiquement
problème. Si l’on veut donner des responsabilités
à un algorithme, il faut pouvoir déterminer
ce qui l’a mené à prendre telle ou
telle décision. C’est ce qui s’appelle faire
preuve d’explicabilité.
Actuellement, l’explicabilité est le talon
d’Achille des réseaux de neurones artificiels.
La communauté scientifique s’est
rendue compte que l’on pouvait leurrer
un réseau de neurones capable de
reconnaître des animaux en modifiant
un seul pixel de l’image, de manière à
induire en erreur l‘algorithme.
Cela pose un dilemme : les algorithmes
complexes ont tendance à être plus
puissants, mais moins explicables.
Feriez-vous confiance à un médecin qui
semble ne pas se tromper dans ses diagnostics,
mais qui ne sait pas les justifier ?
Les programmes ont beau être mus
par une logique froide, ils ne sont pas
neutres car ils peuvent véhiculer les préjugés
de leurs créateurs. Leur objectivité
est une idée fausse.
(…)

Golden Bridge in Ba Na Hills,Bana hills french village in Da nang , Vietnam

Collectif Le Désir au féminin : 18 et 19 juin 2022.

Collectif Le Désir au féminin : 18 et 19 juin 2022.

( éditions Ramsay)

Présence du collectif le Désir au féminin grâce au festival Paname Bouquine et à Camille Goudeau, auteure et bouquiniste.

Ci-dessous la maquette originale et la version finalisée.

De l’ÉsotéRISME

L’ésotérisme. Thèmes, motifs et acteurs d’une culture en train de se faire

On confond souvent occultisme et ésotérisme.

C’est pourquoi sur ce sujet controversé, je mets le lien sur une synthèse de David Bisson : https://doi.org/10.4000/cerri.1513