La déconstruction du mythe de la bergère : La CONSPIRATION JEANNE d’ARC par GERALD MESSADIE

La déconstruction du mythe de la bergère : La CONSPIRATION JEANNE d’ARC par GERALD MESSADIE

La-conspiration-Jeanne-d-ArcLA CONSPIRATION JEANNE d’ARC, Gerald Messadié, éditions de Borée, mai 2018, 357 pages, tome 1, 19, 90 euros.

 

 

Comme l’indique la Note liminaire de l’auteur : « à partir du moment où des faits historiques ont revêtu les oripeaux du mythe, ils cessent d’appartenir à la réalité et l’imagination s’en empare pour les transformer selon ses préférences ».

Comme dans tous ses romans historiques et ses essais, Gerald Messadié s’attaque aux images d’Epinal, en nous montrant par la fiction et en nous  le prouvant par de nombreuses notes que la petite bergère était bien la demi-sœur de Charles VII. Et pas du tout une illuminée !

 

Les féministes seront également contentes en cette période de « metoo » et de « balanceton porc » ; l’auteur fait la part belle aux personnages féminins, en particulier à Yolande d’Aragon, mère du roi René d’Anjou, belle-mère du roi Charles VII, protectrice de Jeanne d’Arc, amie des Templiers et de leurs descendants. En revanche, Charles VII et ses favoris sont dépeints sans ménagement. Le XVème siècle est effroyable:

 » Yolande d’Aragon était en état de siège mental ; sans aucune immodestie, elle avait admis qu’elle était la seule autorité morale dans un pays où les hommes de pouvoir, quand ils n’étaient pas en bataille, s’occupaient de rapines et combines ou s’ivrognaient… »(P.188)

 

J’attends de lire le second tome promis comme plus haletant et inattendu encore.

Réprouvés, bannis, infréquentables : un essai fulgurant aux éditions Léo Scheer

Réprouvés, bannis, infréquentables : un essai fulgurant aux éditions Léo Scheer

Réprouvés, bannis, infréquentables, éditions Léo Scheer, 2018, 274 pages, 20 euros.

www.leoscheer.com

Quels sont les écrivains maudits aujourd’hui et pourquoi ?

A cette question, un collectif d’écrivains et/ ou de chercheurs a tenté de répondre, sous l’égide d’Angie Davis, éditrice et artiste elle-même. 

Retenons l’excellent article de vulgarisation de la pensée de Guy Debord qui remet en perspective les itinéraires des autres maudits ou mis sur la touche.

 » Il faut se lancer dans toute aventure intellectuelle susceptible de « repassionner  » la vie », écrivait Guy Debord en 1951.

Qu’il s’agisse de Pasolini, de Dantec, de Houellebecq… c’est un style de vie qui fait souvent grincer les dents des détracteurs des « réprouvés ». Entre leurs valeurs et le Système, ils ont choisi de vivre leur vie d’écrivain ou d’intellectuel.

 

Source: Flickr

Que les étoiles contemplent mes larmes : le sublime Journal de Mary Shelley

Que les étoiles contemplent mes larmes : le sublime Journal de Mary Shelley

J’ai découvert par hasard les éditions Finitude.

 

Celles-ci ont publié le Journal de Mary Shelley, la géniale auteure de Frankenstein. Elle devient veuve à 25 ans…

 

En 1822,  en effet le poète Percy Shelley traverse le golfe de Livourne à bord de l’Ariel, un voilier qu’il vient d’acheter.

La mer est houleuse, faisant sombrer l’embarcation et  le jeune écrivain.

Mary Shelley est en deuil…

 

La douleur soudaine, bouleverse la jeune femme qui entame alors l’écriture d’un journal qu’elle tiendra jusqu’en 1844.

C’est une œuvre lyrique, élégiaque, écrite par une amoureuse

brisée qui consigne au jour le jour les souvenirs de son amour, sa souffrance et sa solitude.

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Un (tré) fond (s) de bibliothèque : le Retour des Morts de Lauric Guillaud.

Un (tré) fond (s) de bibliothèque : le Retour des Morts de Lauric Guillaud.

Le Retour des morts ( essai), Imaginaire, science, verticalité, par Lauric Guillaud, éditions Rouge , 2010, 277 pages, 20 E.

 

Véritable plongée littéraire, anthropologique, historique dans un siècle et demi d’imaginaire occidental, l’essai de Lauric Guillaud est étourdissant d’érudition. Naturel, direz-vous pour un professeur d’université et pour le directeur du CERLI ? Surtout remarquablement écrit, composé comme une épopée sur les motifs entrelacés du retour des morts, de la peur originelle et du retour du refoulé.

 

Lauric Guillaud analyse et dévoile comment l’imaginaire a partie liée avec l’Histoire , la science, la religion, l’ésotérisme… et l’idéologie.

Ainsi l’imaginaire occidental des années 30 peut-il « affirme(r) une terreur du réveil qui correspond à la montée des totalitarismes ».

 

Imaginaire et réel ne sont pas si hermétiques l’un à l’autre que l’on pourrait croire…

De même, par analogie, monde des morts et des vivants ne sont pas si diamétralement opposés dans l’espace mental qui est le nôtre.

 

Un essai que l’on peut recommander comme fond de bibliothèque.

 

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Coup de cœur : Shumona Sinha, sous le symbole du feu

Coup de cœur : Shumona Sinha, sous le symbole du feu

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APATRIDE *DE SHUMONA SINHA

(Editions Le Seuil, Paris, 187 pages)

Le symbole est universel et nous permet d’entrer en nous-mêmes pour réfléchir et communiquer sur l’essentiel : nos émotions et le sens de la vie. » L’équation du feu et de la vie forme la base du système de Paracelse », comme nous le rappelle Gaston Bachelard, dans son ouvrage-clef: La Psychanyse du feu.

Le nouveau roman de l’écrivaine Shumona Sinha illustre parfaitement ce principe alchimique.

Ce n’est pas un hasard si l’incipit et l’excipit du roman de Shumona Sinha, romancière indienne francophone convoquent le feu, « le souffle des flammes » , l’associant au corps féminin.

Au début du livre, il s’agit du feu destructeur et vengeur. Mais il désigne aussi sous forme de la cigarette, un symbole du parisianisme et d’un manque d’ouverture à l’autre :

« Les racailles blanches, ces petites choses frêles et pâles, les filles et les garçons, ensemble ils fumaient gracieusement leurs cigarettes sur le trottoir(…)et lorsque leur regard se heurtait à l’unique passante à la peau sombre, ahuris, ils essayaient de résoudre le puzzle d’une telle aberration ».

Plus tard, à la fin, Shumona Sinha revient à l’image primitive du feu purificateur quand son double Esha se met à « allum(er) partout des bougies parfumées » dans son appartement. Matriciel, le symbole du feu donne peut-être le sens métaphorique, allégorique et métaphysique de ce récit de la solitude dans les grandes villes. Un symbole d’espoir malgré les déceptions et la sensation de vide existentiel qu’elle décrit avec justesse et poésie. 

Shumona est une femme de feu qui cherche la lumière.

Son livre m’a touchée et saisie par son éloquente chimie ignée.

A lire absolument.

Source: Flickr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* Quatrième roman de l’auteure née à Calcutta en 1973 et qui vit à Paris depuis 2001.

 

 

 

 

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Failles fictionnelles derrière la banquise DON DElillo

Failles fictionnelles derrière la banquise DON DElillo

L’argument de la 4 ème de couverture est alléchant:

 » choisir de mourir pour prendre la mort de vitesse, décider de se transformer en créature-éprouvette dans l’attente de jours meilleurs afin de revenir au monde en être humain augmenté et radicalement inédit, telle est l’offre de “Zero K”, un centre de recherches secret. »

 

Malheureusement, les personnages recréant une trinité postmoderne m’ont laissée froide, sans mauvais jeu de mots Difficile de s’identifier au personnage commanditaire,  Ross Lockhart ( cœur fermé), à son fils, pâle copie du Père, et à Artis, ersatz d’amante et pauvre Iphigénie sacrifiée sur l’autel de la Science.

L’intrigue s’enlise dans un propos pseudo philosophique. Une dystopie ou un vrai roman de science-fiction aurait cassé la glace entre le réel et le virtuel. L’écrivain américain semble écrire pour un Lecteur Modèle, pour reprendre la terminologie du regretté Umberto-Eco. Et abstrait. Trop abstrait.

En conséquence, pas de concrétion imageante et auditive. Pas de cohérence mimétique non plus. Et encore moins d’activité fantasmatique !

 

9782330081560