33314Huitième roman de l’écrivain australien, Greg Egan, Zendegi est comme toujours un récit ambitieux. Achevé en 2009. Publié et traduit par un traducteur émérite Pierre-Paul Durastanti, aux éditions du Bélial, sous la direction d’Olivier Girard.

A l’instar des précédents,cet ouvrage s’inspire de théories scientifiques. Ici les nouvelles technologies, avec le « cloud », la réalité virtuelle. La neurobiologie avec les cartes des hémisphères cérébraux. Mais aussi la politique internationale, avec la cyberguerre. (L’actualité a évoqué récemment le logiciel Flame)

L’action commence en 2012 et se poursuit en 2027. Un journaliste, Martin Seymour, qui fait penser à Seymour Hersh, le collaborateur du New Yorker, spécialiste de politique américaine et des services secrets, est en Iran, où il doit couvrir des élections législatives. Martin se retrouve pris dans la tourmente d’une révolution. Ellipse narrative. Un nouveau gouvernement a été mis en place, plus ou moins tolérant. Martin a épousé une « locale », Mahnoosh, une femme de caractère qui a rompu avec sa famille trop sectaire. Ils ont un fils Javeed, passionné de jeux vidéos, comme tous ceux de sa génération. Et friand de contes persans. La référence à la saga en farsi, le Shâhnameh, apporte une touche vériste à la narration.

L’entreprise-clef de ce nouvel Iran s’appelle Zendegi. Une structure complexe avec une architecture et un matériel spécifiques: chambres-bulles; casques et « gants haptiques »… Une structure où travaille l’autre protagoniste du roman: Nasim, le petit génie de l’informatique.

Suite à une tragédie de l’absurde, l’accident de voiture de Mahnoosh, Martin va être amené à coopérer avec Nasim. Atteint d’un cancer, se sentant isolé à Téhéran, il veut trouver un moyen de rester près de son fils. Or Zendegi peut lui permettre de survivre, dans les limbes artificiels d’un programme élaboré pour que Martin ait son avatar, son « Mandaté ». Avec son accord, Nasim va reconstruire un personnage avec certains de ses souvenirs; « filtrer ses émotions » ou expériences. Va programmer un jeu métaphysique où père et fils pourront dialoguer au fil des décennies.

Ce n’est pas un roman pour « geeks ». Mais  un livre très subtil, construit en diptyque: 2012/ 2027 et catabase/ anabase.

Un roman orphique. Où Orphée invente son enfer pour retrouver non, Eurydice, mais son fils. Doù la clausule: « Vous voulez créer quelque chose d’humain? Créez-le en entier! »