http://www.taschen.com MAGIC 1400s-1950S, Paris, éditions Taschen, NOEL DANIEL, Mike Caveney- Ricky Jay- Jim Steinmeyer, 535 pages, 45 E.
La magie existe depuis l’aube de l’humanité. La magie tenait de religion aux premiers hommes.Tiré du grec, le mot a commencé par désigner la science des anciens « mages » iraniens. Puis le vocable a fini par englober toutes les sciences rituelles.
Dans la pensée courante, aujourd’hui, le magicien désigne un individu doté de pouvoirs extraordinaires. Dans la Bible, on trouve la mention de Simon qui voulut acheter le pouvoir de conférer le Saint-Esprit à Pierre, d’où le terme de « simonie ».(vente d’un sacrement) Selon la légende, ce même Simon fréquenta la cour de Néron qui proposa à l’Empereur une démonstration de lévitation! Mal lui en prit: Simon finit écrasé au bas d’une tour. Réminiscence du mythe d’Icare et du rêve humain de voler.
Dans le magnifique ouvrage de Taschen, le magicien est un illusionniste, un metteur en scène, en même temps qu’un esprit fort, capable d’influencer son public, de le magnétiser, de l’hypnotiser… Notons que parmi les trois auteurs du livre, Mike Caveney, Ricky Jay et Jim Steinmeyer, deux sont sont des prestidigitateurs. (Les deux premiers noms cités)
Par conséquent, le magicien est aussi un maître de l’image. C’est pourquoi, cette somme de documents rend hommage à plus de cinq siècles de culture visuelle où le praticien de la scène prend de multiples masques: escamoteur, fakir, medium,superhéros… Pourquoi une telle attirance? Parce que nous sommes tous sensibles à la suggestion par l’image, la couleur et le son. Le célèbre Harry Houdini, au début du XXème siècle, pour ses spectateurs, semblait vivre sur deux plans différents, et incarner la volonté de puissance humaine. L’iconographie de MAGIC montre le rôle cathartique du personnage de magicien, celui de déverrouiller les esprits. Comme si chacun pouvait développer les pouvoirs de « résilience », selon l’expression de B. Cyrulnik, ou de croissance en lui.
Une application d’une réflexion de Papus, l’écrivain et « mage » à ses heures du XIXème siècle:
« La Nature est la plus méticuleuse des avares et elle n’aurait pas passé des siècles à faire évoluer un cerveau humain pour annihiler en une minute l’effort lent et progressif de tant d’années ».
Pour compléter ce catalogue de visions, aux teintes si splendides que l’on dirait opiacées, l’apprenti-sorcier se munira de L’AMICALE des JETEURS de Sorts, une anthologie de vingt-quatre nouvelles fantastiques, dirigée par T. Bauduret et C. Thill, aux éditions MALPERTUIS. Un bréviaire insolite où les magiciens se passent de bonnets pointus et les sorcières, de balais…
Conférence « L’Amicale des jeteurs de sorts » enregistrée à Zone Franche (Bagneux – février 2013
