Parisfantastique

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 PARIS FANTASTIQUE, Histoires  bizarres et incroyables, Paris, éditions Le Castor Astral, collection « curiosa et caetera », mars 2014,304 pages, 18 euros

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Parisien et homme de lettres,né en 1959, passionné par l’insolite, Rodolphe Trouilleux s’inscrit dans une tradition de poètes qui ont aimé flâner dans la capitale: Charles Baudelaire, Léon-Paul Fargue, André Breton, Louis Aragon. Ce sont d’ailleurs, les surréalistes qui mirent la ville et ses emblèmes publicitaires à l’honneur, pour en extraire « l’or » de la modernité. Plus proche de nous, l’écrivain de science-fiction, Phillippe Curval, dans Attention les yeux(1995), a écrit un photo-roman autour d’un photographe,Guillaume Coiranne qui capte le monde et en particulier, le quartier des Halles, avec son Leica.

Dans son Paris fantastique, Rodolphe Trouilleux nous fait remonter le temps, jusqu’au XVIIème siècle. Son style rappelle celui de la conversation des salons, émaillé d’anecdotes étranges ou piquantes. Ainsi fait-on connaissance avec le brocanteur Bourland, reconverti en braconnier de lapins dans le cimetière du Père-Lachaise, au XIXème siècle. Mais aussi avec le Fakir Birman, « la femme anthropaphage » du Marais, exposée comme une bête de foire. Sans oublier la superbe  Marthe de Florian, « femme sublime qui fit bien chavirer des cœurs », même après son décès.

Détective de l’Histoire, Rodolphe Trouilleux a fouillé les archives et tiré de l’oubli une foule de personnages: illuminés, charlatans, criminels …  Il nous rappelle que la Ville-Lumière a souvent été une ville pleine de noirceur. ( cf son Paris macabre chez le même éditeur) A- t-il pour cela compilé une série de faits divers? Non, pas exactement. Ce serait nier l’humour et le souci d’unité de l’ensemble. Paris fantastique s’inscrit également dans une rhétorique particulière, connue des puristes: les « ANA ». Les « ana » sont des formes narratives brèves qui ont constitué un genre littéraire, du XVIIème au XVIIIème siècle. Le caractère familier, proche de l’oralité de ces florilèges d’anecdotes, de bons mots, et de dialogues plaisaient au lecteur, à cause de leur spontanéité.

Aujourd’hui, où l’on parle souvent pour rien dire, l’érudition de l’auteur nous surprend, en même temps qu’elle nous ravit. En cherchant à tirer au clair certaines affaires étranges, Rodolphe Trouilleux nous persuade que l’être humain se caractérise surtout par son irrationalisme. N’en déplaise à Descartes.

 

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