Musicologue et étudiant en médecine, Edouard Ganche a été connu par les bibliophiles grâce à un ouvrage  intitulé Le Livre de la Mort en 1909.

Grâce à Philippe Gindre, l’éditeur des éditions La Clef d’argent, ses contes macabres ont été redécouverts et publiés récemment, sous le titre L’Ordre de la Mort.

 

De quel ordre s’agit-il ? Toute-puissante confrérie des médecins ? Ou axis mundi ? Le titre du recueil est programmatique et nous invite à apprécier le sens du tragique qui ressort de ces nouvelles, « l’âcre émanation de la terre mouillée ». Dans cet univers marqué par l’expérience de la morgue et de la dissection, flotte aussi le fantôme de Baudelaire. Mais ici, le « génie du mal » est chirurgien:

« Le plaisir n’a qu’un temps et le jour vient où, vaincu par la maladie impitoyable, on confie son pauvre corps à un prince de la science ». Même si Edouard Ganche subit les influences du romantisme et d’une certaine littérature décadente, la puissance d’évocation de ses nouvelles nous prend aux tripes. Témoin, « L’opérée ». Une saisissante hypotypose en pleine salle d’opération. On ne s’étonne pas si la nouvelle a été édulcorée et ensuite republiée telle quelle. Médecins et étudiants n’y sont pas montrés sous leur meilleur jour. Règne de la cruauté et du cynisme. Le défaut de compassion alerte sur le sens à donner à la mort. 

Edouard Ganche jette les principes d’une éthique de la mort et nous renvoie à nos destins humains.

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