« Chez l’homme, c’est le papillon qui devient un ver. » ( Henry de Montherlant)

 

Xavier Otzi, L’Homme  Maigre, éditions Luciférines, 2018, 209 pages, 14 €.

(editionsluciferines.com )

 

Les éditions Luciférines sont une maison d’édition récente, dans la constellation du fantastique, dirigée par une jeune femme au prénom décidé, Barbara, et au nom déterminé  » Cordier ». Pour filer la métaphore, l’éditrice a lancé une vaste « cordée » de la réussite en publiant divers récits sombres ou dérangeants dont le roman court et dense de Xavier Otzi, auteur lyonnais de L’Homme Maigre.

J’ai beaucoup apprécié ce récit qui fait écho dans mon imaginaire à la remarque ironique de Montherlant, en exergue, et au cinéma des années 30. Non seulement cette fiction s’inscrit dans le registre du fantastique contemporain, mais elle renouvelle le genre – souvent phagocyté par les récits de vampires – en nous faisant partager le quotidien de Djool, un hybride, mi homme mi annelide, aspirant à devenir homme à part entière. On notera l’importance de l’alimentation pour Djool qui doit manger de la terre pour survivre, mais s’essaie aussi à l’art culinaire italien ou lyonnais. Et l’importance du corps humain parfois encombrant pour le personnage, mais auquel il tient et que l’écrivain décrit avec acuité.

Dans l’actualité qui est la nôtre, dans un climat de méfiance envers l’étranger, où les rêves de l’homme seraient de se transformer en machine, les littératures de l’ombre jouent leur rôle de pionnière, en nous faisant revenir sur les notions d’identité et de monstre :

« Eviter de signaler sa présence. Il ne tenait pas à finir comme la créature de Frankenstein, que les villageois avaient poursuivie puis brûlée vive entre les murs du vieux moulin ». ( p.92)

Ecrit en rythme staccato, le texte nous entraîne dans l’histoire singulière d’une créature ou plus exactement dans l’histoire d’une conscience qui se révolte grâce à l’art, à la musique qui le transporte dans un monde meilleur.

Le blues cher à l’auteur. 

Quel livre au titre poétique, si questionnant !

H+ ou le transhumanisme…

H/ M ( Homme/ Maigre) ou l’homme en devenir ?

 

En tout cas, ce livre reste touchant du début à la fin, sans envisager la disparition prochaine ou même possible de l’humanité. L’Homme Maigre refuse l’obsolescence  programmée, autant que le destin zoologique.

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