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Lumières par Jean Audouze, Costel Subran, Michel Menu, préface de Gérard Mourou, Paris, éditions EDP sciences, 2020.
Biographies de la lumière écrites à six mains, trois scientifiques nous font découvrir leur jardin secret. Jean Audouze, astrophysicien et président d’honneur de la Commission française auprès de l’UNESCO ; Costel Subran, spécialiste des lasers et président de la Fédération française des sociétés scientifiques et Michel Menu, chef du département recherche et restauration des musées de France.
Trois jardiniers faisant pousser devant nos yeux les couleurs du visible et de l’invisible ?
Ni guide ni manuel, ce livre s’apparente au genre philosophique du dialogue, genre qui imite les discussions orales, afin de permettre aux lecteurs d’approfondir les domaines concernés. Richement illustré par une iconographie et des dessins variés, il donne envie d’en savoir plus.
D’emblée, la finalité de l’ouvrage est annoncée : « associer la science, la culture et la philosophie aux débats sur la lumière ».
Ces trois passeurs nous présentent trois aspects de la lumière : physique, technique et heuristique.
Et si, au fond la Lumière, source de vie, était le personnage central d’une odyssée de la science, des techniques et des arts ? Une allégorie de la Sagesse au XXIème siècle ?
Fiat lux … Dans la première section, « Lumières du ciel », Jean Audouze nous transporte dans le cosmos et les mystères de l’infiniment grand. Après avoir rappelé les principales caractéristiques de la lumière, il nous explique très clairement l’histoire de l’astronomie marquée par quatre étapes : l’invention des lunettes astronomiques au XVII ème siècle ; l’essor de la radio astronomie après 1945 ; les rayons X et gamma à partir des années 60 ; l’observation des ondes gravitationnelles, émises par la fusion de trous noirs en 2015.
Après l’infiniment grand, l’infiniment petit.
Dans la seconde section, « Lumière des lasers », Costel Subran nous montre combien la photonique est devenue la nouvelle science et technologie du XXIème siècle, tant ses applications sont devenues indispensables dans notre civilisation. Comme son ami Jean Audouze, il donne au lecteur des repères historiques très utiles pour comprendre l’essor de cette science récente. En effet, l’invention du laser date de 1960 et va avoir de multiples retombées, d’abord dans le domaine médical, puis dans tous les domaines de la vie quotidienne avec l’invention des codes- barres en 1974, des imprimantes lasers en 1975 ou la première LED bleue en 1994. Sans oublier les transports avec l’aéronautique ou les télécommunications.
Il en ressort que l’économie de la photonique est devenue mondiale. Sans lasers, adieu fibres optiques, éclairages intelligents, smartphones… et couleurs aveugles.
Dans la troisième et dernière section, « Lumière et art », Michel Menu rend hommage aux chercheurs qui nous permettent de mieux comprendre et mieux préserver notre patrimoine culturel. En particulier à l’anthropologue André Leroi-Gourhan et à son concept de « chaîne opératoire » « compris comme une syntaxe organisée d’actions, associant gestes, outils, connaissances ». (p.160) En bref, l’intelligence de la main !
Retour à la matière. L’œuvre d’art n’est pas une image « pure ». Elle est constituée de matériaux. Essentielle pour élucider les énigmes de certaines toiles ou sculptures, la lumière permet d’étudier les constituants physico-chimiques des tableaux, de caractériser les couleurs, les procédés ou les remords. Elle fournit une méthodologie pour guider les restaurateurs, et tout simplement, l’œil.
En somme, cet ouvrage est comme un jardin à ciel ouvert où l’on a envie de contempler les étoiles, d’apprendre le langage des couleurs des planètes et des nébuleuses, de faire surgir des hologrammes avec des lasers…pour se sentir en osmose avec l’univers.
Jean Audouze, Costel Subran, Michel Menu relient sciences, techniques et art au service de notre bien-être, avec leur regard de passionnés. Et c’est cette passion qui illumine cet ouvrage, au moment où le télescope Hubble prend des clichés des limites extrêmes du cosmos.
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