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Enki Bilal occupe une place importante depuis la fin des années 80. Dessinateur, réalisateur de cinéma et peintre, il nous livre un chef d’œuvre chez Casterman: Bug. Le modelé des personnages est plus délicat, le scénario plus léché.
En français, « bug » signifie dysfonctionnement informatique ; en anglais, le terme évoque un insecte ou un virus. Tout un programme narratif et visuel qui se déploie pour l’instant en deux tomes.
La dimension poétique de ce roman graphique met à jour sa fonction prophétique : que se passerait-il sans internet, sans smartphones, sans flux des data ? En exergue, Enki Bilal cite une réflexion de l’universitaire Yuval Harari qui met en garde les êtres humains contre la tyrannie des neurosciences et de l’informatique dans ses derniers essais.
Qu’en serait-il de la mémoire de l’humanité ?
A son insu, en mission spatiale, Kameron OBB a été envahi par un alien et se retrouve détenteur de toutes les données concernant la Terre et ses habitants. Le thème du parasite est courant en science-fiction et est revisité par Bilal qui lui donne au sens littéral couleur et vie pour nous dévoiler combien l’actualité pourrait être anxiogène s’il y avait un « bug » géant.
Esthétique et éthique sont étroitement mêlées ici et forment une fiance mutuelle.