UPSIDE DOWN de RICHARD CANAL, éditions MNEMOS, 2020, 360 p., 22 euros.

(www. mnemos.com)

Dystopie de notre XXIème siècle marqué par les GAFA, les controverses socioscientifiques, la défiance envers les gouvernements, UPSIDE DOWN est une somme romanesque mêlant histoire, politique, philosophie… et science-fiction.

Le monde d’en haut, Up above est dirigé par des Familles, des hyperriches dont le puissant Bill Gates V, réfugié sur son « atoll » avec son épouse et sa fille, clone de l’actrice Maggie Cheung et elle-même actrice. En bas, Down below, sur une terre dévastée, polluée, surpeuplée, vivent les déshérités.

Si le monde d’en haut a été façonné par des intelligences artificielles, il reste à souligner qu’il s’agit de science-fiction. Docteur en informatique, Richard Canal fait allusion aux récents progrès dans ce domaine en les exagérant à un apprentissage profond, à un véritable pilotage des existences humaines via les data et des Intelligences Artificielles ultra complexes et sophistiquées. Il s’agit d’un raisonnement analogique, poétique plus que scientifique. Comme l’explique Jean-Gabriel Ganascia, chercheur en intelligence artificielle, dans Le Mythe de la singularité : faut-il craindre l’intelligence artificielle ? ( Le Seuil, 2017), une machine plus performante n’est pas une machine plus intelligente que l’homme.

L’auteur nous montre les dangers liés aux I.A plutôt d’ordre comportemental et cognitif : la paresse, le déni de la réalité, la perte de créativité. Ainsi Luke, le policier désabusé du roman se fait le porte-parole de Guy Debord cité par l’auteur lui-même quand il dénonce le recyclage permanent des images, des films et des œuvres en permanence.

Dans cette fresque scintillent deux points lumineux : le couple de musiciens,  KIm, la fille aux cheveux bleu Klein et Ferris, le compositeur génial adulé par les pauvres et courtisé par les riches. Ces vrais artistes qui essaient de capter les sons et émotions de leur univers pour faire la révolution sont les héros et les porteurs d’espoir d’une humanité en perdition.

Par la force de leur musique, ils éveillent l’instinct de vie et la force de réinventer une histoire, ce qui fait peur aux gouvernants d’Up Above, accrochés à leurs privilèges, préférant l’artifice de leur caverne à la réalité organique:

« Derrière le gémissement du vent, une musique est en train de naître… ».( P. 306)