La première transfusion de sang artificiel a été faite en septembre 2011 par un médecin français, le Pr Luc DOUAY. (ancien chef de service du labo d’hémato de Saint Antoine.) Il a utilisé des cellules souches prélevées dans la moelle osseuse ou dans le sang du cordon ombilical. Actuellement, on parle beaucoup du covid 19 et des virus, mais l’hématologie, science du sang reste un domaine médical lourd de sous-entendus et d’ambivalences.

Une des raisons que j’invoquerai est la prégnance d’un imaginaire très fort, marqué religieusement et culturellement depuis la Préhistoire et l’Antiquité.

Historiquement, il aura fallu attendre le XVII ème siècle, 1623, pour connaître le schéma de la circulation du sang du cœur vers les organes grâce au médecin anglais William Harvey, et le XX ème siècle pour savoir transfuser le sang humain sans danger…

Toutefois, au XXième siècle, le sang reste un matériau vivant, complexe. Avec la biologie moléculaire, l’hématologie a franchi d’autres portes, d’autres seuils. Nous connaissons mieux aujourd’hui les maladies héréditaires du sang comme l’hémophilie ou la porphyrie. Le brillantissime thriller de Franck Thilliez, auteur consacré du genre, intitulé Sharko (Paris, éditions Le Fleuve, 2013) revivifie le mythe du vampire grâce à l’apport de connaissances scientifiques sur le sang. Il a interrogé plusieurs chercheurs pour imaginer son serial-killer, Nosferatu, victime d’une maladie contractée en Nouvelle-Guinée : « Il était devenu un être au visage déformé, mi-homme, mi-vampire, atteint d’un mal caché, mortel, dans ses gènes, qu’on ne pouvait plus soigner qu’à coups d’innocents et d’injections de sang ». Dans une postface, il insiste sur le fait que ce qui est « décrit autour du sang – son histoire, ses maladies,le circuit du don… est vrai ».

A rebours de l’image des savants fous, omniprésente dans la science-fiction, l’image du savant valorise la narration du roman policier, le cautionne en lui donnant plus d’épaisseur et en même temps de relief dramatique. La réalité est pire que le mythe de Dracula… Mythe immémorial, le sang dans la fiction reflète nos préoccupations dans le domaine de la santé et de l’identité.

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