Anthologie Étranges floraisons, Beaune, éditions La Clef d’Argent, septembre 2020, 173 pages, 13 E.

( Couverture : Léo Gontier)

Préface , « Le végétal est un être humain comme les autres » par Jean-Guillaume Lanuque.

La préface donne l’intention de ce recueil : permettre aux auteurs ( Philippe Gontier, Pierre Brulhet, Céline Maltère, François Fierobe, Jérôme Sorre, Patrick Mallet, Stéphane Mouret, Laurent Mantese et Jean-Pierre Favard) d’exprimer une anthropologie de l’imaginaire du végétal. Mais également une sensibilité à ce que l’on nomme aujourd’hui les « STS », les sciences, techniques et société(s). Depuis les années 70, beaucoup d’auteurs dont Jean- Pierre Andrevon avaient manifesté leurs convictions écologiques. Aujourd’hui, comme l’explique Jean-Guillaume Lanuque, « (l)a prise de conscience des bouleversements climatiques (…)a entraîné des remises en cause de tous ordres, y compris sur le plan métaphysique…»

Par conséquent, le non spécisme ne concerne plus seulement le règne animal, mais également le règne végétal. Ce n »est pas fortuit si dans sa dernière édition, le dictionnaire Robert a intégré les termes « spécisme » et « antispécisme », reconnaissant la démocratisation du terme.

Spécisme: n. m. du latin species (espèce) et d’après racisme et l’anglais speciesism (1970). Didact. Idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces. Spécialt. La supériorité de l’être humain sur les animaux. « la lutte contre le spécisme, c’est l’extension du principe d’égalité au monde animal  » (Le Matin, 2015). Par ext. Mauvais traitement, exploitation des animaux. Contr. Antispécisme

Dans cette anthologie, chaque auteur montre la porosité entre les règnes ou plus exactement la co-évolution plus ou moins horrible entre mutualisme, parasitisme et symbiose.

Par exemple, on a l’illustration du commensalisme dans la nouvelle « Sexburge » de Céline Maltère : Boragine, l’épouse du scientifique botaniste Héliotrope fournit quelques fleurs rares pour son époux, en signe d’amour.

Le mutualisme voire la symbiose entre l’homme et l’arbre-totem est racontée dans la nouvelle de Pierre Brulhet, écrivain marqué par sa jeunesse passée en Afrique.

Toutefois, les relations entre êtres humains et végétaux sont montrées aussi dans leur antagonisme, comme dans la nouvelle « Canopée » aux échos de science-fiction voire de parasitisme comme dans « L’homme qui se prenait pour un arbre ».

La symbiose reste toujours étrange comme semble nous le suggérer Philippe Gontier avec sa « short story » délicieusement hitchcockienne où les « roses de la serre » deviennent des adjuvantes de la police , « exha(ant) un parfum de charogne » pour démasquer l’assassin.

En tout cas, un bouquet révélateur des interrogations de la société dans ses rapports au monde et au vivant. Et une remise en question du promothéisme scientifique et technique.

On appréciera aussi la qualité des illustrateurs : Philippe & Léo Gontier, Sioxara, Audrey Faury, Okiko, Inès Cherraben, Ferdinand Springer)