Une amie m’a offert un livre de Pierre Bayard, Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ? ( éditions de Minuit). Cet essai fait l’éloge indirect des littératures de l’imaginaire.
Si, en tant que journaliste, il s’agit de vérifier les faits, un écrivain travaille avec le « mentir-vrai », parfois avec le merveilleux réhabilité par André Breton, quelquefois avec le fantastique, tous deux éléments provoquant un effet de surprise voire de sidération.
Avec humour, Pierre Bayard se moque des « chicaneurs », ceux qui traquent la moindre incohérence chez les auteurs, donnant l’exemple du poète Saint-John-Perse travaillant « à la construction de son propre mythe« , d’Anaïs Nin multipliant les identités et les scénarios pour « gérer au mieux … son activité d’écrivaine« .
Pierre Bayard nous montre donc qu’un écrivain recompose toujours le réel pour des raisons philosophiques ( Qui peut se targuer d’avoir accès au Réel ?), structurelles, inhérentes à la littérature.
La Littérature a besoin des archétypes et des mythes pour filtrer les événements, pour inventer des personnages, planter des décors: « savoir inventer des fictions cohérentes » permet le partage, une forme d’unité, et surtout un gage de résilience dans le monde angoissant et complexe qui est le nôtre.
Une découverte et une jubilation : un monde transparent, sans zones d’ombres, serait un monde totalitaire…
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