Qu’ont-elles encore à nous dire, ces créatures à capes et à crocs qui hantent nos nuits et notre imaginaire ? Seize auteurs et autrices d’aujourd’hui ont accepté de se poser la question et de tenter d’y répondre, imposant ce faisant à la figure surannée du vampire une cure de jouvence, quitte à le confronter à des problématiques plus urgentes et contemporaines que celles du folklore transylvanien, voire à le bousculer et à lui faire subir les derniers outrages. « À mesure que le sommaire se dévoilait, précise Yves Letort, la personnalité de chaque intervenant affirmait une volonté de rupture, même si elle apparaissait parfois sous les oripeaux du fantastique victorien ou bien par le jeu de la correspondance, forme d’élection du roman stokerien. Si ce projet ne prend nullement l’allure d’un manifeste, il rend compte de la sensibilité de quelques auteurs contemporains en confrontant leurs propres obsessions à la fable. En définitive, cette anthologie, on l’espère, permettra de prendre le pouls de la créature, qu’aucun paradoxe ne semble épuiser… »
Benjamin Desmares Florent Liau Jean-Hugues Oppel Céline Maltère Patrick Denieul Sandrine Scardigli Didier Pemerle Tadeusz Hiddinko Chantal Rabutin Sylvain-René de la Verdière Dolmancé Léo Kennel Pierre Laurendeau Nicolas Liau Fabienne Leloup Patrick Boman
D’emblée, nous constatons que la définition de l’Intelligence Artificielle est imprécise, variant au gré des avancées techniques, à chaque année qui passe. Tentons de cerner cette notion contemporaine, employée sans distinction fine par les médias. A l’origine, une I.A est un algorithme dont le but est de pouvoir prendre des décisions relevant d’une certaine forme de compréhension du monde grâce à un traitement de données. En pratique, le terme « intelligence » est impropre car il s’agit d’un terme générique qui englobe en réalité deux formes principales d’I.A. On distingue en effet : a) l’I.A symbolique : l’algorithme dans cette version est à base de règles. L’ordinateur exécute des ordres qu’on lui donne ; b) l’I.A connexionniste : dans cette version plus poussée de machine pensante, les algorithmes apprennent, à partir d’exemples, à exécuter des tâches pour lesquelles ils n’ont pas été spécifiquement été programmés. Cet apprentissage virtuel, aux conséquences réelles, a pris pour modèles les neurones de notre cerveau d’humain. Les algorithmes d’apprentissage profond, ou « deep learning », sont fondés sur des réseaux de neurones artificiels, par analogie avec les nôtres. Le terme d’analogie ne peut qu’éveiller le doute chez tout être humain rationnel, chez tout scientifique digne de ce nom. D’où la question soulevée par l’actualité et ma réflexion, mon questionnement personnel : peut-on se fier à l’I.A connexionniste ? N’est-ce pas jouer à l’apprenti sorcier que de continuer à la développer ? 1/ Le chercheur Idrisse Aberkane, expert en neurosciences notamment, dans son dernier essai sur l’I.A, Le Triomphe de votre intelligence – Pourquoi vous ne serez jamais remplacé par des machines ?, nous livre un discours optimiste. Pour lui, l’I.A , c’est un peu comme l’histoire des métaux. C’est l’homo sapiens qui a façonné le cuivre, puis est passé à l’âge du bronze, avant de créer l’acier. Notre époque, dans la pratique de l’I.A, est celle de l’âge du cuivre. Celui du bronze, qui verra poindre l’âge de la conscience, surviendra quand sera trouvé l’algorithme de la conscience artificielle. Pour ce chercheur, l’I.A. est une opportunité majeure pour se libérer des tâches répétitives et du travail humain fastidieux.
L’étymologie de travail ne vient-elle pas de « tripalium », supplice ? Toutefois il ne cache pas que l’I.A va s’amplifier crescendo et va nous contraindre à faire des choix. En ce premier quart du XXIème siècle, l’humain et la machine cohabitent de façon relativement équilibrée, l’homme tolérant que des ordinateurs hyperpuissants parviennent à battre les champions du monde d’échecs. N’est-il pas symbolique – et lacanien ? – que le premier échec majeur de l’homme face à la machine vienne des échecs, roi des jeux et jeu des rois ? 2/ Or, cette cohabitation pose scientifiquement problème. Si l’on veut donner des responsabilités à un algorithme, il faut pouvoir déterminer ce qui l’a mené à prendre telle ou telle décision. C’est ce qui s’appelle faire preuve d’explicabilité. Actuellement, l’explicabilité est le talon d’Achille des réseaux de neurones artificiels. La communauté scientifique s’est rendue compte que l’on pouvait leurrer un réseau de neurones capable de reconnaître des animaux en modifiant un seul pixel de l’image, de manière à induire en erreur l‘algorithme. Cela pose un dilemme : les algorithmes complexes ont tendance à être plus puissants, mais moins explicables. Feriez-vous confiance à un médecin qui semble ne pas se tromper dans ses diagnostics, mais qui ne sait pas les justifier ? Les programmes ont beau être mus par une logique froide, ils ne sont pas neutres car ils peuvent véhiculer les préjugés de leurs créateurs. Leur objectivité est une idée fausse. (…)
La Revue Caliban n°63 consacre sa réflexion à la collapsologie.
Ci-dessous le résumé de cette publication.
Tandis que se développe une fiction d’anticipation centrée sur les effets du changement climatique (communément appelée climate fiction ou cli-fi dans le monde anglophone), de plus en plus de voix s’élèvent, dans la communauté scientifique, non plus pour prévenir une lointaine apocalypse, mais pour constater un effondrement (du climat, de la biodiversité, des ressources énergétiques et, partant, de la civilisation thermo-industrielle) déjà en cours. Le propos de ce recueil est d’accomplir une partie de l’étude technique et anthropologique de ce contexte que proposent les collapsologues, mais en se concentrant spécifiquement sur son impact sur le fantastique, la fantasy et la science-fiction. Il s’agit d’étudier des œuvres récentes qui ont pu être influencées par le contexte d’effondrement en cours, et de relire des œuvres plus anciennes à la lumière du nouveau contexte, d’analyses développées dans une perspective collapsologique, ou d’une réflexion sur la notion d’effondrement.
J’ai l’honneur d’avoir ma nouvelle, « Dans le puits » éditée dans cet ouvrage.