Quelques informations sur l’auteur-e

Etudiante, éprise d’aventures un peu sombres, sous les signes duellistes d’Eros et Thanatos, Fabienne Leloup se lance dans une écriture où  son imagination  ne connaît ni limites,  ni tabous.

Elle se fait remarquer par Alain Dorémieux, premier écrivain fantastique de sa génération et rédacteur en chef pendant vingt ans de la revue Fiction. Dorémieux décèle en Fabienne Leloup une pierre brute à polir. Dans les années 90, ils travaillent ensemble. Mais Fabienne, poursuit en parallèle une préparation  à l’agrégation de lettres.

Elle publie des recueils de nouvelles fantastiques, dont  Limbes Obscurs aux éditions Pierron. Puis son premier roman, Soie Sauvage,  qu’elle n’avait cessé de travailler, est publié aux éditions Nestiveqnen.  Soie Sauvage est salué par l’enthousiasme des initiés du genre et l’admiration des profanes. Il est récompensé du prix « Armée des 12 singes », meilleur premier roman, en 2005 aux Utopiales de Nantes.

En 2007, le second roman de Fabienne Leloup, un thriller, Le Parfum de l’Ombre est publié aux éditions Ragage.

Fabienne se passionne pour les sociétés secrètes et s’oriente donc vers un genre différent, le roman historique. Elle consacre une biographie romancée, consacrée au personnage de Maria Deraismes, bourgeoise éclairée du XIXe siècle, acquise aux droits de la femme et fondatrice en 1893 de l’obédience maçonnique,le Droit Humain : la première à accueillir indifféremment hommes et femmes.Le roman sur Maria Deraismes est publié aux éditions Michel de Maule, en 2015.

Aujourd’hui Fabienne Leloup est revenue vers le fantastique, à travers des nouvelles qui paraissent régulièrement dans les revues spécialisées et à travers son blog, « Symboles et Analogies » où elle passe en revue l’actualité littéraire et artistique dans le domaine du « fantastique ». Elle est membre de l’association O.D.S ( œil du sphinx), présidée par Philippe Marlin.

Nourrie de romans gothiques britanniques du XIXe, de littérature symboliste et surréaliste,  autant que d’auteurs d’anticipation américains de la seconde moitié du vingtième siècle, Fabienne Leloup veut redonner à ce genre littéraire, toutes ses lettres de noblesse. 

 

Elle vient de publier un roman inspiré par l’actualité ( les maisons de retraite), par  le terrorisme, qui revisite le thème de la communication avec les morts : Corps fantômes, aux éditions Ramsay.

Son but en tant qu’écrivaine : faire passer des valeurs humanistes, apporter un souffle de spiritualité via un fantastique philosophique.

LE SACRE DU NOIR de Lauric Guillaud ( éditions Cosmogone)

LE SACRE DU NOIR de Lauric Guillaud ( éditions Cosmogone)

Le Sacre du Noir de Lauric Guillaud, Editions Cosmogone, Lyon 2018, 28,80 euros.

 

Spécialiste de littérature comparée, professeur d’université passionné par l’ésotérisme, Lauric Guillaud vient de publier un essai magistral qui illustre parfaitement le titre et le programme de ce blog : Symboles et Analogies.

Parti du constat que le gothique ou plutôt le pré-gothique commence au XVIII ème siècle en Angleterre et en Allemagne, il montre que l’angoisse existentielle a nourri tout un courant littéraire, en même temps qu’elle a recréé des rituels en franc-maçonnerie, sur le modèle des rites et pratiques antiques.

Le Noir n’est pas maléfique : il est générateur de réflexion et de créativité en Europe, mais également en Amérique. Même les « puritains, en quête de paysage spirituel, cherchent dans la nature les « ombres des choses divines »(p.69).

Le Noir dissout les catégories logiques : les héroïnes de Radcliffe comme les futurs initiés « ont besoin d’un décor qui joue un rôle de premier plan, décor sombre et moyenâgeux pour le gothique, décor en phase avec le rituel pour le maçon ». Une topologie unit imaginaire gothique et maçonnique : « tous deux sont polarisés par l’architecture et l’obsession des ruines ».(p.132)

En matière d’art, les imaginaires se répondent comme si tout ce qui semblait avoir été peint, dessiné, écrit, composé… restait pourtant à être deviné, décrypté… rappelant que l’ombre n’existe pas sans la lumière.

En matière d’Histoire, l’imaginaire gothique est prémonitoire, ne cherchant pas à édulcorer la Terreur et la folie du sang répandu.

Noir n’est donc pas si noir. La littérature gothique comme la littérature maçonnique a une fonction cathartique. Elle célèbre une esthétique du dévoilement :

« En définitive, le gothique n’encense l’enfer que pour mieux quêter le paradis(…)rétablit dans ses droits la peur afin de réhabiliter le sacré dans une société qui l’évacue au nom d’un progrès desséchant ». (p.294)

Gothiques et maçons repensent la Mort évacuée au XVIII ème siècle et qui revient – retour du refoulé – dans la fiction et les rituels. Les uns et les autres proposent une scénographie du macabre qui devient « propédeutique » chez les initiés.

La mise en scène de la Mort est souvent plus excessive chez les gothiques. «Toutefois, il existe un lien fort entre gothiques et maçons, c’est le sens du Mystère…» (P.229)

D’où la magie, le nimbe noir de cet imaginaire nocturne commun à la littérature gothique et à la franc-maçonnerie. Notons enfin que Lauric Guillaud réhabilite les écrivains gothiques, souvent considérés comme des moutons noirs par les puristes de la littérature, en particulier française. Et si l’imaginaire nocturne nous permettait d’aller mieux, tout simplement?  Et s’il nous invitait à accepter nos contradictions ?

Grâce à Lauric Guillaud , j’imagine une Ferrari noire me servir de taxi pour explorer les « seuils ordaliques » qui ponctuent mon labyrinthe intérieur. Un jardin noir. J’imagine une Ferrari, parce que personne n’a vu de Ferrari servir de taxi  et encore moins de Ferrari noire conduire au cabinet de réflexion.

Noir comme de l’encre. La littérature mêle les vivants et les morts. La vie et la mort ne font qu’un, nous apprennent récits, romans, poèmes et rituels. Tant que les êtres humains vivront et rêveront, ils feuilletteront les pages où les caractères noirs dansent sur les pages blanches.

Noir comme rythme.

Je pourrais parler longuement de la qualité de cet essai. Il faut le lire car c’est un fonds de bibliothèque. Et c’est un voyage. Tout un monde de crêpe et de velours noir. L’odeur métallique du sang et le parfum de la violette. La bouche cuite par trop de poussière et de vent. La nuit noire où il y a tout à voir.

 

L’essai magistral de Lauric Guillaud