Présente en tant que membre de l’association » L’œil du sphinx »et auteure, je souhaite remercier tous les organisateurs, en particulier Loïc Blavier pour la qualité de son accueil, sans oublier Philippe Marlin, l’un des parrains de la manifestation, avec Thibaut Canuti, Richard Dalla Rosa et Catherine de Mortière.
Comme chaque année, depuis 2016,le programme est thématique, cette fois : la mort et l’au-delà…
Pour réfléchir sur ce thème, des experts multi-disciplinaires ont été invités à donner des conférences : l’anthropologue Manon Moncoq qui s’intéresse aux rites funéraires, le professeur émérite Lauric Guillaud, spécialiste des littératures de l’imaginaire, le sociologue Bertrand Méheust, passionné par l’histoire de la parapsychologie.
Sans oublier le chroniqueur Victor Provis, spécialiste du rock gothique, faisant le lien entre les stéréotypes sur le morbide et la pop culture ( les séries Stranger Things, Mercredi etc)
Une exposition des œuvres et installations de Gwenaëlle Podvin sert de décor et de contrepoint à un symposium autant détendu qu’exigeant. Durant tout le week-end, des jeux de rôle et des films sont proposés. Témoin le célèbre, La Nuit des morts-vivants de George A. Romero.
Céline Maltère est une auteure prolifique dont j’ai déjà lu et chroniqué beaucoup de textes la plupart publiés à La Clef d’Argent, une excellente maison d’édition qui fait particulièrement attention au travail sur l’écriture.
Comme la préface de Jean-Pierre Andrevon l’indique clairement, « Céline Maltère a la dent dure et le style acéré« .
Ce recueil témoigne d’une grande maîtrise tant du point de vue du fond que de la forme. Il me semble plus proche des thèmes d’actualité que les précédents, plus grave également : le rapport à la mort, la critique de la chasse, l’écologie, le féminisme, la famille, et en particulier le rôle central de l’enfant dans nos sociétés : «Chaque enfantement se discutait donc en conseil familial… Après avoir voté à main levée, les couples étaient autorisés ou non à se reproduire».
Céline Maltère construit donc une œuvre toujours au-delà des genres, narrative, poétique, spéculative. Et elle nous renvoie l’image d’une artiste « heureuse », « à dos d’ours cachalot », « messie qui ferait disparaître la seule espèce capable de tenir un fusil ».
Beau comme un aurochs… Anthologiste Leo DHAYER Illustrateur Jean-Jacques TACHDJIAN FLATLAND (Tourcoing, France), coll. La Fabrique d’horizons Date de parution : 15 juin 2023
Anthologie, 492 pages, catégorie / prix : 23 € ISBN : 978-2-490426-27-0 Genre : Science-Fiction, Fantastique
Plus qu’une anthologie, AD HOMINEM est une somme narrative et philosophique sur le rapport entre l’être humain et l’animal. Présentée par Jean-Pierre Andrevon, écologiste et écrivain engagé depuis ses débuts, ce recueil met en littérature les tenants du spécisme et du non spécisme. Rappelons que le terme de « spécisme » a été inventé en 1970, date-clef dans la prise de conscience de notre rapport à l’environnement. Le mot a d’abord été utilisé par Richard Ryder, psychologue anglais dans une brochure dénonçant l’expérimentation sur les animaux et a été démocratisé aujourd’hui. Une trentaine d’auteurs nous propose leur expérience des limites. Certains brouillent les frontières entre animalité et humanité. Témoins la nouvelle Taxidermia d’Agathe Vivès ou Les Ursidants de Jérôme Calogerogiannis. D’autres comme Mickaël Feugray, Yves Letort dénoncent tout particulièrement la violence dans les abattoirs. Nicolas de Torsiac dans Les promesses du morse revient sur les présupposés culturels, religieux qui fondent ce rapport inégalitaire entre l’homme et l’animal, parodiant la Bible : « Vous semblez avoir oublié quel mantra régit chacune de nos vies… puis l’Homme augmenté donna congé à ses créateurs et à leur Dieu obsolète. Il dit à ses frères synthétiques, les clones, faisons l’animal à notre image (…)et qu’à son tour ils règnent sur la Terre que l’homme primal n’a pas su préserver… »
Si Céline Maltère prône l’ataraxie dans sa fiction, Philippe Caza, Alain Rozenbaum… pour ne citer qu’eux font souffler un vent de révolte et proposent d’autres paradigmes. Inversion des rapports de force, mutation(s) ou suicide des êtres humains…Comment rétablir l’équilibre ? Comment retrouver l’harmonie perdue ? Dans sa nouvelle poétique, Revoir les aurochs, Christophe Gauthier nous donne un élément de réponse lorsqu’il immortalise la beauté des animaux préhistoriques.
Ci-dessous le sommaire pour n’oublier personne.
Éric Lysøe, Symphonie pour cordes ……………………………………………………………………………………….. 013 Christophe Gauthier, Revoir les aurochs ……………………………………………………………………… 037 Frédéric Holic, Le dernier pangolin ……………………………………………………………………………………… 053 Plume D. Serves, Lo cou part en avant …………………………………………………………………………….. 065 Mickaël Feugray, À bas les abattoirs ! ………………………………………………………………………………… 075 Yves Letort, Une visite à l’atelier ………………………………………………………………………………………………. 083 Delphine H. Edwin, L’æil animal …………………………………………………………………………………………….. 089 Jérôme Calogerogiannis, Les ursidants …………………………………………………………………………….. 113 Yann Kral, Le cirque Nova ………………………………………………………………………………………………………………… 133 Jean-Pierre Andrevon, Un peu de vie dans l’univers ……………………………………….. 151 Florent Paci, Au vieux singe la grimace …………………………………………………………………………… 161 Emmanuelle Rabu, Le chant du coq ……………………………………………………………………………………… 193 Antonin Sabot, Animaux porteurs …………………………………………………………………………………………… 217 Nicolas de Torsiac, Les promesses du morse ………………………………………………………………. 233 Phil Aubert de Molay, Chienne de lecture ……………………………………………………………………… 253 Laura P. Sikorski, Vous avez un (1) nouveau message …………………………………….. 275 Léo Kennel, G.I.R.A.F.E ………………………………………………………………………………………………………………………. 281 Daniel Miles, Les bêtes qui rôdent …………………………………………………………………………………………… 287 Christian Bergzoll, Survivance ……………………………………………………………………………………………………. 315 Philippe Caza, Bipèdes, enfin ! …………………………………………………………………………………………………….. 321 Thomas Di Franco, Un triomphe vain et incongru …………………………………………….. 329 Agathe Vivès, Taxidermia ………………………………………………………………………………………………………………….. 341 François Fournet, On dirait le soleil …………………………………………………………………………………….. 361 Cédric Teixeira, L’O-Org ……………………………………………………………………………………………………………………. 373 Anthony Boulanger, Celui aux multiples noms et multiples formes … 383 Didier Pemerle, Klinefelter à Bourg-la-Reine ………………………………………………………….. 393 Alain Rozenbaum, Régénération ……………………………………………………………………………………………….. 399 Céline Maltère, Le chant du cygne …………………………………………………………………………………………. 415 Anthony Holay, Rébellion …………………………………………………………………………………………………………………… 423 L.S. Bragia, Les prisonniers de l’arche ………………………………………………………………………………… 429 Aurélia Daunes, In nomine animalis ……………………………………………………………………………………. 439 Pablo Vergara, Draft-Box ……………………………………………………………………………………………………………………. 455 Alice Levacher-Joly, La logique de la fin ……………….
Montrer les fêlures grâce au fantastique psychologique.
Poète, membre du Pen club français, peintre, comédienne… Colette Klein a de multiples cordes à sa lyre.
Dans ce recueil de nouvelles, JE EST UN MONSTRE qui vient d’être publié aux éditions L’œil du sphinx, elle explore le fantastique psychologique. Comme l’écrivait l’auteur américain Charles L. Grant, spécialiste de dark fantasy et d’horreur : « Les monstres ont été tués par la télévision, ils sont devenus le connu plutôt que l’inconnu...”
Par conséquent, le fantastique littéraire, novateur ne cherche pas forcément les grands effets, le « gore » comme dans certaines publications ou certains films pour adolescents ou adulescents. Il se centre sur la psychologie des personnages, ce qu’expérimente Colette Klein tout au long de son recueil.
Les protagonistes de ses nouvelles sont souvent des falots ou des ratés comme celui qui voulait absolument se faire éditer dans « Une vie réussie », mais surtout des êtres qui souffrent d’une solitude métaphysique tel Nicolas Sauthier dans « Lumière ». L’univers post-moderne , sans dieu(x), sans engagements, sans sublimation aboutit au désespoir, au meurtre si l’on est persuadé que « personne ne peut aider personne ».
Dans ce recueil perce l’interrogation mystique de mortels au bord des deux infinis pascaliens, l’infiniment petit et l’infiniment grand.
A travers vingt et un textes, l’auteure nous démontre que tout peut devenir effrayant, et même soi dans « Portrait ». Un personnage bien réel par son mélange d’égoïsme, d’empathie, de peur de vieillir, d’absence à soi-même.
En bref, ce qui l’effraie, effraie tout le monde, et l’écriture permet de témoigner de cette réalité, de réfléchir aux effets de nos gestes et de nos paroles, jamais « bibelots d’inanité sonore« pour reprendre le vers de Mallarmé.
La vie de tous les jours, des personnages et des situations banales, et puis l’incident déclencheur, la faille qui va mener à la « honte » ou à l’irréparable, au monstrueux.
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