Si l’on se rappelle ses classiques de science-fiction, notamment Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, la manipulation génétique permet d’assigner des rôles et des fonctions aux individus qui constitueront des castes.
La théorie de l’eugénisme née au XIXème siècle au sein de la sphère médicale a donné lieu à de vives polémiques au XXème siècle, car encouragée par les nazis ; elle sera dénoncée comme une pratique portant atteinte aux droits de l’homme.
Dans le domaine culturel, l’eugénisme a inspiré aussi des films dont le prophétique Bienvenue à Gattaca, en 1997, d’Andrew Niccol. Dans ce long métrage, les gamètes des parents sont sélectionnés de manière à pouvoir concevoir des enfants presque parfaits. Sinon ceux-ci ne seront pas habilités à assumer de grandes responsabilités, à exercer des métiers prestigieux. Or, le héros, justement a des problèmes de vue et n’a pas la taille requise pour réaliser son rêve : aller dans l’espace…
Souvent en science-fiction, le genre cyberpunk donne une vision accablante de la réalité… Parfois il est nécessaire de passer par d’autres registres. D’où le choix de traiter ce sujet sur le mode de la dérision avec cette comédie déjantée dont la première de couverture donne le ton.
Quel futur dans 25, 50, cent ans ? Le futur s’édifie avec la raison et l’imagination ( la prospective). L’humour nous engage à ne pas nous replier sur le passé, à concevoir un scénario positif, en commun.
Merci à mon complice@ Etienne Denarié, @Marie Maître, @Sabrina Pamies
Gerald Messadié écrivait dans son journal intime en 1997 : … « on ne voit en moi que le personnage. Pas la personne ». Cette réflexion nous aide à comprendre la pensée créative de l’écrivain et la cohérence de son œuvre. Dans le tome 2 de La Conspiration de Jeanne d’Arc, il s’agit plus que jamais de soulever le masque de la « personne », brouillé par des milliers d’ouvrages contradictoires.
Plus qu’au personnage, le second volume donne vie à la personne, à la femme de chair et de sang, cherchant son chemin de vie, avec droiture et détermination, envers et contre tous. Si le romancier s’intéresse à son incarnation – la « Pucelle » n’a jamais été ni une simple bergère, ni une sorcière – il lui rend ses attaches, sa famille, son corps et lui redonne la parole.
Il y a beaucoup de dialogues dans cette somme romanesque permettant l’effet de vie. Soucieux d’impulser un rythme narratif digne des meilleurs thrillers, l’écrivain a évité les lourdeurs descriptives et réussi une composition fluide entre actions et discours.
Ainsi, dans un chapitre, Jeanne expliquera pourquoi elle a toujours préféré porter des vêtements d’homme non seulement pour être libre de ses mouvements, mais pour échapper à une maternité non désirée. Par nécessité, elle a toujours refoulé ses sentiments et ses désirs. Un seul homme fait battre son cœur que le hasard ou le destin remettront sur sa route… Enlevée après sa naissance, pour préserver la dynastie des Valois contre les Anglais, élevée comme un garçon, Jeanne échappe donc aux catégories et aux codes. Aujourd’hui, elle pourrait être « gender fluid ». C’est surtout une héroïne chère à l’auteur. En creux, grâce à celle-ci, il évoque des valeurs qui lui sont consubstantielles : la liberté, l’intégrité, le sens de l’honneur jusqu’au sacrifice.
C’est là qu’intervient la force romanesque : donner à son lectorat des realia, ces détails choisis avec minutie qui nous proposent une expérience unique : voyager dans le passé et retourner au XVème siècle pour participer à un immense jeu de rôles. « Conspiration », non, conspirationnisme ! Le dessein du romancier, qui se retrouve dans toute son œuvre, est de nous inciter à revenir sur nos idées reçues sur cette période historique, particulièrement controversée.
Avec subtilité, Gerald Messadié veut nous montrer l’interaction des puissances de l’époque. Il reprend le lieu commun selon lequel la vie est un jeu, en fait ici un postulat du fait artistique et politique. Sur l’échiquier du pouvoir, la duchesse d’Anjou, Yolande d’Aragon, joue avec les blancs, les français, contre les noirs, les anglais. Elle fait tout pour empêcher que Charles VII, son gendre, le futur roi de France soit mis en échec. Jeanne d’Arc est comme le fou blanc, dans ce jeu : une pièce à trajectoire diagonale, de longue portée. C’est Yolande d’Aragon qui entretient l’armée de Jeanne d’Arc à Orléans et permet à la jeune femme de subsister. Derrière cet échiquier visible s’en superpose un autre, dissimulé : celui des puissances incognito. L’écrivain se fait historien pour décrypter le rôle essentiel des Templiers : ils auraient été les véritables financiers d’une opération politico-économique de grande envergure.
Dans le second tome de La Conspiration, l’auteur dévoile donc la manipulation des points de vue, affirmant la prééminence de l’écrivain véritable, c’est-à-dire celui qui n’est pas dupe des ruses de l’Histoire, celui qui ne se laisse pas emprisonner par les dogmes, les modes, les idéologies. Plus profondément, il nous rappelle l’importance de la mémoire et de la réflexion, à notre époque gangrenée par l’immédiateté. A contrario de certains romanciers contemporains, Gerald Messadié croit en la puissance de la narration. Même s’il se méfiait des discours amphibologiques, il a toujours pratiqué une écriture positive, nourrie de références, sensible et sensuelle.
Dans cet ouvrage, l’ultime qu’il ait écrit, l’auteur retrouve ici, avec Jeanne d’Arc, l’affirmation de la désignation, l’affirmation de la structure du langage pour sortir du chaos, l’affirmation du sens et des sens, contre l’oubli, la bêtise et l’ignorance.
Derrière la personne de Jeanne d’Arc se manifeste la tendresse de l’auteur pour cette femme à laquelle il rend hommage, en la rendant profondément humaine, loin de toutes les récupérations dont elle a été l’objet, et même la victime.
A travers l’incontournable figure de Jeanne d’Arc, enfin humanisée et non pas sanctifiée, n’est-ce pas, de la part de Gerald Messadié, le plus beau testament, celui du portrait chevaleresque de l’artiste, sans cesse en quête de vérité ?
Présente en tant que membre de l’association » L’œil du sphinx »et auteure, je souhaite remercier tous les organisateurs, en particulier Loïc Blavier pour la qualité de son accueil, sans oublier Philippe Marlin, l’un des parrains de la manifestation, avec Thibaut Canuti, Richard Dalla Rosa et Catherine de Mortière.
Comme chaque année, depuis 2016,le programme est thématique, cette fois : la mort et l’au-delà…
Pour réfléchir sur ce thème, des experts multi-disciplinaires ont été invités à donner des conférences : l’anthropologue Manon Moncoq qui s’intéresse aux rites funéraires, le professeur émérite Lauric Guillaud, spécialiste des littératures de l’imaginaire, le sociologue Bertrand Méheust, passionné par l’histoire de la parapsychologie.
Sans oublier le chroniqueur Victor Provis, spécialiste du rock gothique, faisant le lien entre les stéréotypes sur le morbide et la pop culture ( les séries Stranger Things, Mercredi etc)
Une exposition des œuvres et installations de Gwenaëlle Podvin sert de décor et de contrepoint à un symposium autant détendu qu’exigeant. Durant tout le week-end, des jeux de rôle et des films sont proposés. Témoin le célèbre, La Nuit des morts-vivants de George A. Romero.
Beau comme un aurochs… Anthologiste Leo DHAYER Illustrateur Jean-Jacques TACHDJIAN FLATLAND (Tourcoing, France), coll. La Fabrique d’horizons Date de parution : 15 juin 2023
Anthologie, 492 pages, catégorie / prix : 23 € ISBN : 978-2-490426-27-0 Genre : Science-Fiction, Fantastique
Plus qu’une anthologie, AD HOMINEM est une somme narrative et philosophique sur le rapport entre l’être humain et l’animal. Présentée par Jean-Pierre Andrevon, écologiste et écrivain engagé depuis ses débuts, ce recueil met en littérature les tenants du spécisme et du non spécisme. Rappelons que le terme de « spécisme » a été inventé en 1970, date-clef dans la prise de conscience de notre rapport à l’environnement. Le mot a d’abord été utilisé par Richard Ryder, psychologue anglais dans une brochure dénonçant l’expérimentation sur les animaux et a été démocratisé aujourd’hui. Une trentaine d’auteurs nous propose leur expérience des limites. Certains brouillent les frontières entre animalité et humanité. Témoins la nouvelle Taxidermia d’Agathe Vivès ou Les Ursidants de Jérôme Calogerogiannis. D’autres comme Mickaël Feugray, Yves Letort dénoncent tout particulièrement la violence dans les abattoirs. Nicolas de Torsiac dans Les promesses du morse revient sur les présupposés culturels, religieux qui fondent ce rapport inégalitaire entre l’homme et l’animal, parodiant la Bible : « Vous semblez avoir oublié quel mantra régit chacune de nos vies… puis l’Homme augmenté donna congé à ses créateurs et à leur Dieu obsolète. Il dit à ses frères synthétiques, les clones, faisons l’animal à notre image (…)et qu’à son tour ils règnent sur la Terre que l’homme primal n’a pas su préserver… »
Si Céline Maltère prône l’ataraxie dans sa fiction, Philippe Caza, Alain Rozenbaum… pour ne citer qu’eux font souffler un vent de révolte et proposent d’autres paradigmes. Inversion des rapports de force, mutation(s) ou suicide des êtres humains…Comment rétablir l’équilibre ? Comment retrouver l’harmonie perdue ? Dans sa nouvelle poétique, Revoir les aurochs, Christophe Gauthier nous donne un élément de réponse lorsqu’il immortalise la beauté des animaux préhistoriques.
Ci-dessous le sommaire pour n’oublier personne.
Éric Lysøe, Symphonie pour cordes ……………………………………………………………………………………….. 013 Christophe Gauthier, Revoir les aurochs ……………………………………………………………………… 037 Frédéric Holic, Le dernier pangolin ……………………………………………………………………………………… 053 Plume D. Serves, Lo cou part en avant …………………………………………………………………………….. 065 Mickaël Feugray, À bas les abattoirs ! ………………………………………………………………………………… 075 Yves Letort, Une visite à l’atelier ………………………………………………………………………………………………. 083 Delphine H. Edwin, L’æil animal …………………………………………………………………………………………….. 089 Jérôme Calogerogiannis, Les ursidants …………………………………………………………………………….. 113 Yann Kral, Le cirque Nova ………………………………………………………………………………………………………………… 133 Jean-Pierre Andrevon, Un peu de vie dans l’univers ……………………………………….. 151 Florent Paci, Au vieux singe la grimace …………………………………………………………………………… 161 Emmanuelle Rabu, Le chant du coq ……………………………………………………………………………………… 193 Antonin Sabot, Animaux porteurs …………………………………………………………………………………………… 217 Nicolas de Torsiac, Les promesses du morse ………………………………………………………………. 233 Phil Aubert de Molay, Chienne de lecture ……………………………………………………………………… 253 Laura P. Sikorski, Vous avez un (1) nouveau message …………………………………….. 275 Léo Kennel, G.I.R.A.F.E ………………………………………………………………………………………………………………………. 281 Daniel Miles, Les bêtes qui rôdent …………………………………………………………………………………………… 287 Christian Bergzoll, Survivance ……………………………………………………………………………………………………. 315 Philippe Caza, Bipèdes, enfin ! …………………………………………………………………………………………………….. 321 Thomas Di Franco, Un triomphe vain et incongru …………………………………………….. 329 Agathe Vivès, Taxidermia ………………………………………………………………………………………………………………….. 341 François Fournet, On dirait le soleil …………………………………………………………………………………….. 361 Cédric Teixeira, L’O-Org ……………………………………………………………………………………………………………………. 373 Anthony Boulanger, Celui aux multiples noms et multiples formes … 383 Didier Pemerle, Klinefelter à Bourg-la-Reine ………………………………………………………….. 393 Alain Rozenbaum, Régénération ……………………………………………………………………………………………….. 399 Céline Maltère, Le chant du cygne …………………………………………………………………………………………. 415 Anthony Holay, Rébellion …………………………………………………………………………………………………………………… 423 L.S. Bragia, Les prisonniers de l’arche ………………………………………………………………………………… 429 Aurélia Daunes, In nomine animalis ……………………………………………………………………………………. 439 Pablo Vergara, Draft-Box ……………………………………………………………………………………………………………………. 455 Alice Levacher-Joly, La logique de la fin ……………….
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