Automne créatif

Automne créatif

 

 

Samedi 15 septembre : je serai au Salon des Littératures maudites à Charleville Mézières

 

Jeudi 27 septembre : je ferai une lecture au Cénacle du Cygne à la Cantada

 

 

Samedi 20 octobre : je participerai à l’assemblée générale de l’ODS ( association et éditions L’œil du Sphinx) à Ancenis.

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Appel à communications du CERLI

Appel à communications du CERLI

Pour bien commencer cette année universitaire, le CERLI vous comble d’appels à communication.

 

1. Appel à communication « Analog Games and Gender« 

La Popular Culture Association (PCA) organise une session à Washington DC lors du congrès qui se tiendra du 17 au 20 avril 2019. Tous les détails par ici. Ce site reprend d’ailleurs de nombreux appels (communications et articles) en anglais, en particulier pour des projets sur le fantastique/la fantasy aux Etats-Unis. Les propositions pour cette session sont à envoyer pour le 10 septembre.

 

2. Appel à communication « Genre Fantastique« 

Le Congrès International de Genre Fantastique, Audiovisuel et Nouvelles Technologies, qui se déroulera les 22-23 novembre 2018 à Elche (Espagne) a diffusé son appel à communication, très large et disponible sur via leur site. Date limite de proposition: 1e octobre.

 

3. Appel à article « Food and Drink in Science Fiction » (PJ)

Comme son nom l’indique, il s’agit d’un projet de publication sur la nourriture et la boisson dans la SF – aucun éditeur n’est pour le moment annoncé. Vous trouverez tous les détails dans l’appel ci-joint. Les propositions doivent être envoyées pour le 15 novembre.

 

4. Appel à article « Pop Norse » (PJ)

Pour son prochain numéro, la revue Fantasy Art and Studies recherche des articles (et nouvelles) sur les usages de la mythologie nordique en fantasy, tous médias confondus. Vous trouverez toutes les informations en pièce jointe. Les contributions sont à faire parvenir pour le 5 janvier 2019.

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Découverte de l’été : Le Soupir de l’immortel d’Antoine Bueno

Découverte de l’été : Le Soupir de l’immortel d’Antoine Bueno

 

Source: Flickr

Le Soupir de l’immortel, éditions Héloïse d’Ormesson, 637 pages.

Voici un roman étonnant dans le paysage romanesque français ! Tout lecteur post-pubère reconnaîtra l’intertexte du Meilleur des mondes d’A. Huxley. Et les lecteurs de science-fiction se rappelleront les œuvres de P. K. Dick.  Mais ce roman est aussi un roman politique écrit par un esprit fin connaissant les arcanes du Sénat et enseignant à sciences po.

D’où cette dystopie sur les méfaits de l’ultralibéralisme et les dérives du transhumanisme très critique et très drôle. Avec une verve rabelaisienne, un comique verbal peu courant dans la prose française d’aujourd’hui, souvent racinienne,  Antoine Bueno jongle avec les néologismes, les calembours et déploie sa fiction sur terre, mais aussi dans l’espace, au temps des entités domotiques, des couveuses d’êtres humains bigenrés et de la « trithérapie contre la mort ».

J’ai lu ce roman en lisant Un roman français de F. Beigbeder et j’y ai retrouvé des similitudes : histoire de la France des années 60-70 chez Beigbeder, et histoire d’une France reconfigurée dans un futur proche ; satire de la famille et de ses rites sclérosés.

Chez Antoine Bueno, on a le récit d’une campagne électorale en même temps que les portraits du clan Karl Carnap en lutte contre le clan Antoine Proudhon, tous décalés.

Ce qui m’a le plus intéressée dans ce roman d’anticipation, c’est la réflexion de l’auteur sur la problématique des subcultures. De fait, l’univers du jeu vidéo par exemple, sert de mise en abyme à cette société « holographique ». La réalité virtuelle permet aussi d’interroger les questions du genre et de la sexualité. 

Les personnages sont hermaphrodites et se livrent à des ébats polymorphes dans un cadre sacralisé ou plutôt désacralisé par Antoine Bueno.

Dans ce récit, il cisèle son intrigue avec une approche d’ethnologue car il montre les conséquences d’une société du « numerus clausus » où seuls les riches peuvent adopter un véritable enfant. Il montre également l’émergence des nouvelles spiritualtés dans une société normalisée, mettant en scène l’errance de John Stuart-Minh, l’un des fils  » Bêta » de Karl Carnap. Ainsi ce dernier découvre-t-il « l’école néo-platonicienne de la réconciliation cosmogonique », une « jeune secte… comparée à celle, plus récente, des néo pythagoriciens de la Révélation numérique ».

Ces subcultures qui sont mises en perspective dans Le Soupir de l’Immortel sont des champs d’expérimentation à la fois esthétiques ( On pense au LieuduTout, la « synthèse des acquis archisturaux de l’humanité », hommage à Carroll et Borges), sociales (cellule famiale recomposée autour de la notion de l’adoption d’un(e) pupille et de la « vitriparité »), scientifiques ( techniques de jouvence), sexuelles ( bisexualité et retour à l’Eden), religieuses ( la communion se fait par « synapses bucco-génitales »), esthétiques ( la musique omniprésente dont le rap).

Le lecteur-philosophe est confronté à une anthropologie des temps présents et des futurs vraisemblables. 

Et si les idées se propageaient comme les virus ? Antoine Bueno nous demande le pourquoi et le comment.

Sans doute nous dit-il d’aller à l’essentiel, de lire entre les lignes : le monde a changé, s’est fluidifié. L’important est d’en rire et de réfléchir, pour ne pas en avoir peur.

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Dernier témoignage : prose pour Gerald Messadié

Dernier témoignage : prose pour Gerald Messadié

 

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Hommage à Gerald Messadié

 

Gerald a été baigné par la lumière du Nil, éclairé par un soleil cru à force d’intensité.

D’où peut-être ce regard incisif au sens propre et figuré. 

Il a incarné la puissance solaire d’un signe de feu, la détermination d’apporter la lumière sur des faits oubliés ou des phénomènes inexpliqués.

 

Né sous le signe du Lion, Gerald n’a jamais eu les yeux en dessous.

Il vous regardait toujours droit dans les yeux comme s’il voulait savoir quel animal il avait devant lui. Adorant les animaux, ce grand écrivain croyait à l’importance de la communication non verbale, aux phéromones de l’attraction et de la répulsion.

Comme il nous l’a écrit à Etienne et moi-même en 2014, « dès son plus jeune âge, il considéra le logos adulte comme un costume de scène que les adultes enfilaient quand ils se présentaient aux regards… »

 

Notre amitié est née grâce à un livre que j’étais en train d’achever sur une femme au verbe haut, Maria-Deraismes. Mon nom de jeune fille « Leloup » avait dû l’amuser. Il appréciait d’ailleurs les loups au point d’avoir peint un tableau avec un loup totémique en colère…

 

Notre amitié s’est développée au fil des rencontres de travail et des échanges plus personnels. A chaque rendez-vous dans le VIIIème, il plongeait son regard vert dans le mien comme pour s’assurer de ma sincérité, attentif à tous les détails de ma mise. 

J’étais impressionnée par son érudition, son humour et sa délicatesse dans les relations humaines. Il se montrait aussi affable avec un serveur, un petit vendeur de fleurs qu’avec un notable. 

 

Pour lui, la qualité des relations humaines primait sur les conventions sociales et les artifices de la société de plus en plus gangrenée selon lui par l’image et l’argent.

Il savait regarder au-delà des apparences, se préservant du mauvais œil auquel il croyait.

Toutefois, par courtoisie, il savait sauver aussi les apparences pour ne pas embarrasser ses proches.

 

Plus tard, il nous regardait tour à tour Etienne, mon époux et moi-même, avec affection et malice. Malgré le poids des souvenirs, ses yeux pétillaient quand il nous racontait ses aventures aux quatre coins du monde ou qu’il se mettait à fredonner une vieille chanson d’Edith Piaf ou de Zarah Leander.

 

Il y a quelques semaines, au Victoria, le restaurant où nous dînions ensemble le dimanche, avec Etienne,  de nouveau nous avions eu cet échange de regards. Mais cette fois, il n’avait pas insisté. Il avait presque baissé les yeux.

Je n’avais rien dit, mais j’avais deviné qu’il souffrait. 

 

Il avait compris que j’avais compris.

Il attendait le coucher du soleil pour retrouver sa retraite.

Esquiver les regards apitoyés.

Et surtout les scanners.

Aujourd’hui, il est retourné vers la Lumière, nous laissant le rayonnement de sa présence, de son rire et de ses livres. 

Des photographies de sa jeunesse le représentent comme un « beau ténébreux ».

 

Mais pour Etienne et moi, Gerald est une comète scintillante des mille feux des gemmes dont il chérissait les vertus : vert malachite et bleu lapis-lazuli, beau comme une sculpture égyptienne, à jamais indestructible dans l’hypogée de nos cœurs.