INSURRECTIONS : le recueil de nouvelles 2020 du festival Imajinere

INSURRECTIONS : le recueil de nouvelles 2020 du festival Imajinere

Quinze nouvelles ; quinze pépites d’auteurs confirmés comme Jean-Marc Ligny ou Laurent Whale.

Quinze objets de controverses autour de la sécurité et de la liberté, de la culture et de son absence, de l’euthanasie ou de la quasi immortalité…

Le thème « Insurrections » fait écho à une actualité récente, celle des gilets jaunes, mais aussi d’un « sentiment de ras-le-bol », explique Pierre-Marie Soncarrieu, dans sa Préface.

Chaque auteur nous invite à une relecture de sa réalité : l’immigration et le survivalisme avec une valeur sûre, Jean-marc Ligny ; la fracture entre l’édition parisienne  et l’univers provincial d’une polygraphe pour Alexandre Granger ; le recours à l’alchimie pour lutter contre la tyrannie  par Karim Berrouka ; le modèle des comics pour remodéliser les « circuits psychiques de l’Humanité » revu par Cassandre de Delphes ; la prison numérique mise en scène par Laura Conche ; le roman d’aventures démystifié par Laurent Whale ; le recours au western pour faire sauter les cadenas pour Jean-Robert de Villadarvel ou à la sombre dystopie pour Tony Emerian.

Sans oublier la pataphysique avec le texte de Philippe Caza, la sorcellerie à l’ère du #metoo par Beth Greene, l’intelligence artificielle éthique au service d’une nouvelle humanité par Audrey Pleynet, le grand soir féministe de Julie Kemtchuaing et les délires galactiques de Vincent Dionisio. Une lecture vivifiante. Tant qu’il y aura des cerveaux et des imaginaires à co-construire, la force vitale circule.

Insurrections est un recueil nourri de toute la sève de la jeunesse, une jeunesse qui s’amuse avec les codes narratifs pour fuir l’ennui du « dimanche en Camembrie », proclamer l’importance du lien social et repousser les goules d’une « Sénéthèque ».

Richard Canal : UPSIDE DOWN,  I.A ou ART,  de quoi doit-on avoir le plus peur ?

Richard Canal : UPSIDE DOWN, I.A ou ART, de quoi doit-on avoir le plus peur ?

UPSIDE DOWN de RICHARD CANAL, éditions MNEMOS, 2020, 360 p., 22 euros.

(www. mnemos.com)

Dystopie de notre XXIème siècle marqué par les GAFA, les controverses socioscientifiques, la défiance envers les gouvernements, UPSIDE DOWN est une somme romanesque mêlant histoire, politique, philosophie… et science-fiction.

Le monde d’en haut, Up above est dirigé par des Familles, des hyperriches dont le puissant Bill Gates V, réfugié sur son « atoll » avec son épouse et sa fille, clone de l’actrice Maggie Cheung et elle-même actrice. En bas, Down below, sur une terre dévastée, polluée, surpeuplée, vivent les déshérités.

Si le monde d’en haut a été façonné par des intelligences artificielles, il reste à souligner qu’il s’agit de science-fiction. Docteur en informatique, Richard Canal fait allusion aux récents progrès dans ce domaine en les exagérant à un apprentissage profond, à un véritable pilotage des existences humaines via les data et des Intelligences Artificielles ultra complexes et sophistiquées. Il s’agit d’un raisonnement analogique, poétique plus que scientifique. Comme l’explique Jean-Gabriel Ganascia, chercheur en intelligence artificielle, dans Le Mythe de la singularité : faut-il craindre l’intelligence artificielle ? ( Le Seuil, 2017), une machine plus performante n’est pas une machine plus intelligente que l’homme.

L’auteur nous montre les dangers liés aux I.A plutôt d’ordre comportemental et cognitif : la paresse, le déni de la réalité, la perte de créativité. Ainsi Luke, le policier désabusé du roman se fait le porte-parole de Guy Debord cité par l’auteur lui-même quand il dénonce le recyclage permanent des images, des films et des œuvres en permanence.

Dans cette fresque scintillent deux points lumineux : le couple de musiciens,  KIm, la fille aux cheveux bleu Klein et Ferris, le compositeur génial adulé par les pauvres et courtisé par les riches. Ces vrais artistes qui essaient de capter les sons et émotions de leur univers pour faire la révolution sont les héros et les porteurs d’espoir d’une humanité en perdition.

Par la force de leur musique, ils éveillent l’instinct de vie et la force de réinventer une histoire, ce qui fait peur aux gouvernants d’Up Above, accrochés à leurs privilèges, préférant l’artifice de leur caverne à la réalité organique:

« Derrière le gémissement du vent, une musique est en train de naître… ».( P. 306)

Collapsologie : littérature, sciences et environnement

Collapsologie : littérature, sciences et environnement

« Dynamics of Collapse in fantasy, the fantastic et SF / Dynamiques de l’effondrement dans le fantastique, la fantasy et la SF ». La revue universitaire Caliban n° 63, dirigée par Cyril Camus et Florent .

Ma nouvelle SF « Dans le puits » devrait paraître fin décembre.

Photographie originale

Laurence Paton copyright